Pourquoi cette voix ne s’était-elle pas davantage faite entendre ? Normal : « Au jeu comme dans la vie, j’aime qu’on me laisse en paix », écrit Maurice Ciantar en introduisant Etrangers dans la ville, petit récit autobiographique, paru en 1958 dans Les Oeuvres libres. Maurice Ciantar, journaliste (à Combat), est mort en 1990 et a laissé derrière lui un abîme d’oubli. Remercions Le Dilettante (et les Editions du Lérot) de cette (re)découverte. Chez ce dandy-boulevardier, pas de place pour le bavardage. Son imagination narrative se cantonne à la douceur de ses humeurs, à ses petits bouts de pensées qu’il égrène au fur et à mesure de son récit. Son récit ? Une rencontre avec une femme. Maurice découvre Simone. Deux égarés sur le même trottoir. Passion courtoise et coquine qui brûle la tête. « Il me semblait ne plus éprouver le même plaisir en ma compagnie ». Arpenteur discret et caustique de son microcosme (le casino, le journalisme, la femme), Ciantar est un concertiste de l’existence en art mineur. Pour l’écouter, il faut tendre l’oreille.
Le Dilettante
80 pages, 65 FF
Domaine français Etrangers dans la ville
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°6
Un livre
Etrangers dans la ville
Le Matricule des Anges n°6
, décembre 1994.