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Dossier Annie Ernaux
Le monde à bras-le-corps

novembre 2014 | Le Matricule des Anges n°158 | par Jean Laurenti

Engagée dans une écriture qui témoigne de la violence sociale subie par les dominés, Annie Ernaux cherche, à travers sa propre histoire, à restituer la sensation collective du temps vécu.

Annie Ernaux est de ces écrivains dont chacun des livres entraîne le lecteur dans une confrontation radicale, sans médiation avec le réel. L’espace, le temps, l’expérience humaine qui y sont approchés constituent un territoire que l’on arpente avec elle, dans une distance qu’abolit la force brute et dépouillée de ses mots. Peu importe que l’on soit ou non une femme ayant grandi dans l’après-guerre, que des dispositions scolaires favorables ont tirée hors de son milieu d’origine (des petits commerçants issus du monde ouvrier et paysan) et inscrite de fait dans un univers aux codes radicalement autres, dont le prix d’entrée incluait le renoncement à tous les signes de son ancienne appartenance. Ce qu’Annie Ernaux donne à entendre, par-delà une éventuelle proximité des trajectoires, c’est une parole qui porte l’expérience du déracinement, de l’exil. Une parole de « transfuge de classe », qui restitue un cheminement où entrent l’aboutissement désiré (un accès à la culture et à un mode de vie bourgeois) et une part inévitable de reniement. Quelque chose qui tient évidemment aussi de la perte dont le lecteur perçoit sans peine l’écho en lui. Dans ses livres on trouve quelquefois des listes, des inventaires de ce qui a été et n’existe plus, des objets, des expressions, des gestes tombés en désuétude. La rupture avec des codes, des valeurs devenus inopérants implique l’abandon de cette part de soi inscrite dans un temps, un monde qui semblent désormais lointains, comme étrangers. La disparition des parents parachève cette cassure mais dans le même temps réactive le questionnement déjà engagé. Elle lui ajoute un caractère d’urgence, de nécessité.
Les livres qu’Annie Ernaux a successivement consacrés à son père et à sa mère, La Place (1984) et Une femme (1987), sont des étapes capitales de son entreprise littéraire. Ce sont des livres de deuil, autant que des armes fourbies contre la fatalité d’un effacement des histoires humaines quand survient celle des êtres qui les ont portées et incarnées. Et aussi contre les formes de domination sociale qui s’exercent de façon insidieuse car intériorisées et acceptées comme allant de soi par ceux qui les subissent. Cette nécessité tôt ressentie de rendre compte d’un itinéraire social – et d’une prise de conscience de ses implications sur la totalité d’une existence – sera plus tard soutenue par un intérêt pour la sociologie critique, en particulier celle de Pierre Bourdieu, qu’Annie Ernaux lira avec ferveur et gratitude. Une sociologie qui loin de vanter le modèle méritocratique républicain dont l’école serait le parangon, souligne au contraire sa violence, son organisation comme système d’exclusion et de reproduction. Dans son livre d’entretien avec F.-Y. Jeannet, L’Écriture comme un couteau (2003), elle écrit : « j’ai eu longtemps – et peut-être même l’ai-je encore – le sentiment d’avoir conquis le savoir intellectuel par effraction ». On y trouve aussi l’idée que l’une des raisons d’être de son...

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