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À tenon & mortaise
Lmda N°251 En vingt et une pièces du meilleur bois, l’assemblage élégant d’un auteur-charpentier. La page 15 du second livre de Francis Navarre, « charpentier lettré » formé chez les Compagnons, nous éclaire sur la raison du premier, De l’hexagone considéré comme un exotisme (Lmda N°223) : « À vingt-trois ans, j’étais trop vieux pour le Tour de France, (…) « plus assez souple » pour ce noviciat ». Accomplir sur le tard le rituel du périple, et réaliser le chef-d’œuvre non pas sur l’établi...
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Domaine étranger Des mythes à la lettre Dans un roman sombre, cruel, à l’humour acide, Kristian Novak dénude une enfance chaotique à l’aube de la balkanisation de la Yougoslavie. Qui n’a jamais souhaité la disparition de quelqu’un ? C’est même un comportement normal, œdipien quand il s’agit du père pour un garçon. De là à ce que Matija en assume la disparition et celle de tous les suicides étranges qui frappent le roman ? Pourquoi tant de fadaises débitées aux enfants ? Devrait-on leur dire la vérité ? Que la vie, si belle soit-elle, a bien une date de péremption et que la mort ne s’explique pas, reste un...
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Domaine français Une Ithaque du Nord Retour à l’Isle-aux-Coudres, dont le grand documentariste Pierre Perrault fit le centre d’un monde qui n’est peut-être plus. Il n’y a guère plus d’un an, nous rendions compte avec une certaine ferveur de la réédition de Toutes isles de Pierre Perrault (1927-1999), grande figure québécoise du documentaire, l’un des inventeurs du « cinéma direct » aux côtés de Jean Rouch ou de Frederick Wiseman. À l’instar d’un Chris Marker, Pierre Perrault n’était toutefois pas seulement un homme d’images mais aussi un homme de mots, comme l’atteste cette reparution de Nous autres...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Anatole Pons-Reumaux*
Les Fils de Shifty, de Chris Offutt
Sept mille kilomètres séparent la province de Coni du comté de Rowan. Pourtant, les langhe italiennes et les Appalaches du Kentucky partagent une langue commune : le silence. De Cesare Pavese à Chris Offutt, la littérature des collines, à l’abri de la rumeur du monde, a peut-être ceci d’universel qu’elle s’écrit dans une grammaire concise à l’extrême, rétive au mot de trop. Chez les « gens des collines » – titre du premier opus de la saga Mick Hardin dont Les Fils de Shifty est la suite – on converse de préférence en se passant de mots. Mick, militaire au repos dans son pays natal, ne...
Le Matricule des Anges n°249
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Domaine étranger Fascination du vide En faisant le portrait d’une famille bourgeoise de la banlieue de New York, Hope fait le procès d’une Amérique déconnectée de toute vie intérieure. Plus glaçant que drôle. Le deuxième roman du jeune Américain Andrew Ridker (né en 1991), auquel on doit Les Altruistes (Rivages, 2019) a été salué par The New York Times selon ces termes cités en quatrième de couverture du nouvel opus : « Les personnages d’Andrew Ridker ratent leur vie dans les grandes largeurs, mais ils sont irrésistiblement attachants. » Étrange lecture d’un roman où les Greenspan issus d’une famille aisée ne ratent pas tant leur vie (ils ne...
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Poésie Le William Blake des plages De la mer comme « temps liquide » aux nouvelles Amériques promises par l’espace galactique, où est la frontière entre image et réalité ? Jacques Darras, chevauchant vers et prose, s’est lancé à sa recherche. Porté par une respiration d’espaces et de siècles, un mouvement d’expansion anime le nouveau livre de Jacques Darras. Divisé en deux parties, « La mer en hiver sur les côtes de la Manche » écrite en vers libres, et « L’imagination et le pur vertige d’exister », en prose, il traite de la vie à travers notre relation à l’espace-temps et aux images de la « réalité ». Tout commence avec la mer, « sa respiration palpable, palpitante d’Infini »...
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Poches Les replis de l'exil Le philosophe Günther Anders éclaire en un court essai écrit en 1962 ce que l’émigration veut dire. Cet essai commence par une impossibilité de dire. À un interlocuteur, imaginaire ou non, qui lui demande de « raconter sa vie », Günther Anders, né en 1902, répond : « Je ne puis me souvenir. Les émigrés en sont incapables. » Et de préciser plus loin que sa vie, comme celle d’autres qui ont dû fuir l’Allemagne nazie puis l’Europe, est justement « irrésistiblement disloquée en plusieurs vies distinctes » oublieuses les unes des autres....
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Théâtre Identité multiple Variations hongroises autour d’un prénom. C’est par lui que commencent les présentations et les ennuis. Tünde Deák, dramaturge et metteuse en scène, est d’origine hongroise. Née à Nanterre d’un père qui a fui Budapest en 1956, a parcouru le monde, a travaillé vingt ans en France, puis est retourné en Hongrie. Lorsqu’on lui demande son prénom, qu’elle se présente à un agent immobilier ou à un employeur potentiel, son curieux prénom interpelle. D’où vient-il ? De quel pays ? Que raconte-t-il ? Masculin ou féminin ? Comment le prononcer ? Et...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
De bar en bar
Touche-à-tout de la bohème de Tunis, Ali Douagi est l’un des grands Tunisiens du siècle passé. Ses nouvelles sont toujours inédites en français.
On a pu lire récemment dans les pages du Matricule des Anges que l’écrivain tunisien Ali Douagi n’aurait « parlé que de lui » lorsqu’il lui prit de relater son Périple à travers les bars méditerranéens de 1933. Outre que cette opinion propose un raccourci bien sec, il paraît étrange de juger un homme et son texte sur la foi d’un critère qui ruinerait sans vergogne la moitié de la production littéraire mondiale depuis Chateaubriand. On peut très bien entendre que l’esthétique d’Ali Douagi ne frappe pas chaque lecteur d’une syncope d’admiration, on doit cependant proposer quelques faits qui...
Le Matricule des Anges n°192