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Une histoire française
Lmda N°251 Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume. Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où...
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Domaine étranger Au fin fond des bois Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage. On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque...
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Domaine français Une Ithaque du Nord Retour à l’Isle-aux-Coudres, dont le grand documentariste Pierre Perrault fit le centre d’un monde qui n’est peut-être plus. Il n’y a guère plus d’un an, nous rendions compte avec une certaine ferveur de la réédition de Toutes isles de Pierre Perrault (1927-1999), grande figure québécoise du documentaire, l’un des inventeurs du « cinéma direct » aux côtés de Jean Rouch ou de Frederick Wiseman. À l’instar d’un Chris Marker, Pierre Perrault n’était toutefois pas seulement un homme d’images mais aussi un homme de mots, comme l’atteste cette reparution de Nous autres...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
I want Ubac
Au mois de novembre dernier, un sénateur issu du centre décomplexé verse en catimini quelques grammes d’ecstasy dans la coupe de champagne d’une amie députée avec l’espoir qu’elle se mélange les chambres. La manœuvre échoue et la dame porte plainte. Afin de justifier le geste de son client, l’avocat propose une circonstance atténuante : la veille des faits, son vieux chat venait de mourir. Presque la réponse d’Agnès à Arnolphe dans L’École des femmes. Pour le même effet : hilarité générale.
Le pays n’est pas prêt à considérer le deuil des animaux de compagnie. Le chien trépasse et la...
Le Matricule des Anges n°250
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Charles Bonnot *
Fuck Up, d’Arthur Nersesian
Tu aurais le temps pour une trad à rendre en février ? Je crois que le texte pourrait te plaire.
– Je devrais pouvoir m’organiser, c’est quoi ?
– Ça s’appelle The Fuck-Up, d’Arthur Nersesian. C’est sorti en 1991, c’était son premier roman, il a été racheté par MTV Books puis il a un peu disparu des radars, il est quasiment introuvable aujourd’hui. Ça se passe à New York dans les années 80, c’est bien déglingué et assez mélancolique, tu le lis et tu me diras ce que tu en penses ? »
Je l’ai lu, j’ai dit ce que j’en pensais et je me suis organisé. Pourquoi ?
Parce que bien évidemment...
Le Matricule des Anges n°245
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Domaine étranger Défaire le temps Roman élastique sur l’enfance et l’oubli, Mon sous-marin jaune de Jón Kalman Stefánsson est un accordéon autobiographique qui s’étire depuis nos jours jusqu’aux années 1970 en Islande. Un jour de l’été 2022, si proche de celui de notre lecture, un narrateur identique à Jón Kalman Stefánsson se retrouve, dans un parc londonien, face à un fantôme de son enfance : Paul McCartney. Et « les vagues du passé » de tomber sur l’écrivain assis et de le ballotter le temps d’un roman entre ce point de départ et les années 1970 en Islande. Le petit garçon a 7 ans lorsqu’il apprend, au détour d’une phrase, que sa mère est morte. Il vit...
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Poésie Le William Blake des plages De la mer comme « temps liquide » aux nouvelles Amériques promises par l’espace galactique, où est la frontière entre image et réalité ? Jacques Darras, chevauchant vers et prose, s’est lancé à sa recherche. Porté par une respiration d’espaces et de siècles, un mouvement d’expansion anime le nouveau livre de Jacques Darras. Divisé en deux parties, « La mer en hiver sur les côtes de la Manche » écrite en vers libres, et « L’imagination et le pur vertige d’exister », en prose, il traite de la vie à travers notre relation à l’espace-temps et aux images de la « réalité ». Tout commence avec la mer, « sa respiration palpable, palpitante d’Infini »...
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Poches Chasseur d'insolite Braconnier de merveilles, collectionneur d’instants et d’objets de nature, Patrick Cloux nous dévoile les bonheurs de la marche à l’estime. Tout en sensations buissonnières, en en-allées heureuses, en manière délivrée d’être au monde, la chronique de nature qu’est Marcher à l’estime, un livre dont la première édition remonte à 1993, c’est-à-dire bien avant la vogue des marcheurs béats d’aujourd’hui. Recueil de glanes, d’expériences vécues, d’instantanés, collection d’émerveillements, de choses vues, ce livre est le fruit d’une germination ininterrompue, nourrie au fil des...
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Théâtre Cellule familiale Dans Proches, Laurent Mauvignier montre les préparatifs fébriles d’une réunion un peu particulière. L’occasion renouvelée pour le dramaturge et romancier d’ausculter les empêchements intimes. Yoann est en route. Cela fait quatre ans que six personnages plus un l’attendent. Ce sont leurs retrouvailles, aujourd’hui, que nous promet la nouvelle pièce de théâtre de Laurent Mauvignier. Ils se rassembleraient, le fils revenu, les parents, les sœurs et leurs compagnons. Ils se diraient leur joie d’être enfin réunis, tout ce qui s’est passé entre-temps, les petits comme les grands événements, et ce qu’ils n’ont jamais réussi à se dire....
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Le génie inachevé
Impétueux romantique, Jules Lefevre-Deumier fut considéré comme un talent jaillissant avant de n’être plus que le co-créateur du poème en prose.
Seul un romantique pouvait s’abuser autant sur la réalité », écrit le Turc Hakan Günday dans son roman Ziyan (Galaade, 2014) en parlant des officiers idéalistes rédigeant leurs manuels militaires. Sa sentence peut s’appliquer au romantique Jules Lefevre-Deumier. Brillant impétrant de sa génération, il était parti pour figurer un autre Hugo mais ne fut bientôt qu’espoir éteint et gloire vacillante, et ce malgré la fréquentation des huiles de l’Empire. Ou peut-être à cause de cette promiscuité… Nommé bibliothécaire de Napoléon III en 1849, il avait épousé en 1836 mademoiselle...
Le Matricule des Anges n°194