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Être gay en Russie
Lmda N°251 Écrit en français, Espèces dangereuses est l’évocation d’une parenthèse qui n’a pas duré : quelques années où l’on a cru que la liberté sexuelle était possible à Moscou. Il ne faut pas se mentir : ça serre le cœur de lire ce roman bourré de sincérité, qui transpire l’expérience personnelle par tous les pores, entre chaque mot. Soit un jeune homme, en Russie. Sergueï Shikalov, né en 1986, raconte ses années 2000, pendant lesquelles les gays russes ont cru à une possibilité de liberté. Hélas… Le triste dictateur, qui a annexé la Crimée en 2014 et envahi...
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Domaine étranger Fascination du vide En faisant le portrait d’une famille bourgeoise de la banlieue de New York, Hope fait le procès d’une Amérique déconnectée de toute vie intérieure. Plus glaçant que drôle. Le deuxième roman du jeune Américain Andrew Ridker (né en 1991), auquel on doit Les Altruistes (Rivages, 2019) a été salué par The New York Times selon ces termes cités en quatrième de couverture du nouvel opus : « Les personnages d’Andrew Ridker ratent leur vie dans les grandes largeurs, mais ils sont irrésistiblement attachants. » Étrange lecture d’un roman où les Greenspan issus d’une famille aisée ne ratent pas tant leur vie (ils ne...
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Domaine français Faire parler le taiseux Plein d’inventions langagières, Donato est un hommage à un grand-père italien, paysan dans les Pouilles devenu mineur en Belgique. Une pépite. Quelle liberté, ces retrouvailles avec de vieux mots, cette virtuosité de langage ! C’est le premier roman d’Éléonore de Duve, et on se plonge avec un plaisir raffiné dans son écriture, à la fois sophistiquée et intelligente, sensible et terre à terre, au plus près de la matière, du travail, de la main, du concret. Nous sommes en Italie, dans le sud rural, en Basilicate. Le village « dessine une caracole pâle, bouffée, sertie sur une...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Anatole Pons-Reumaux*
Les Fils de Shifty, de Chris Offutt
Sept mille kilomètres séparent la province de Coni du comté de Rowan. Pourtant, les langhe italiennes et les Appalaches du Kentucky partagent une langue commune : le silence. De Cesare Pavese à Chris Offutt, la littérature des collines, à l’abri de la rumeur du monde, a peut-être ceci d’universel qu’elle s’écrit dans une grammaire concise à l’extrême, rétive au mot de trop. Chez les « gens des collines » – titre du premier opus de la saga Mick Hardin dont Les Fils de Shifty est la suite – on converse de préférence en se passant de mots. Mick, militaire au repos dans son pays natal, ne...
Le Matricule des Anges n°249
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Domaine étranger La défense Nabokov La réception de Lolita, vue par sa femme Véra. Si l’expression « l’arbre qui cache la forêt » a bien un sens, nul doute qu’elle s’applique à Vladimir Nabokov (1899-1977). Entre scandale, censure à l’encontre d’un volume confidentiel d’abord publié en anglais à Paris en 1955, chez un éditeur plus que suspect de pornographie sous le manteau – Maurice Girodias – puis devenu best-seller stratosphérique, tout conspire à faire de Lolita le roman emblématique de son auteur, auquel un Cahier de...
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Poésie Le William Blake des plages De la mer comme « temps liquide » aux nouvelles Amériques promises par l’espace galactique, où est la frontière entre image et réalité ? Jacques Darras, chevauchant vers et prose, s’est lancé à sa recherche. Porté par une respiration d’espaces et de siècles, un mouvement d’expansion anime le nouveau livre de Jacques Darras. Divisé en deux parties, « La mer en hiver sur les côtes de la Manche » écrite en vers libres, et « L’imagination et le pur vertige d’exister », en prose, il traite de la vie à travers notre relation à l’espace-temps et aux images de la « réalité ». Tout commence avec la mer, « sa respiration palpable, palpitante d’Infini »...
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Poches Chasseur d'insolite Braconnier de merveilles, collectionneur d’instants et d’objets de nature, Patrick Cloux nous dévoile les bonheurs de la marche à l’estime. Tout en sensations buissonnières, en en-allées heureuses, en manière délivrée d’être au monde, la chronique de nature qu’est Marcher à l’estime, un livre dont la première édition remonte à 1993, c’est-à-dire bien avant la vogue des marcheurs béats d’aujourd’hui. Recueil de glanes, d’expériences vécues, d’instantanés, collection d’émerveillements, de choses vues, ce livre est le fruit d’une germination ininterrompue, nourrie au fil des...
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Théâtre Cellule familiale Dans Proches, Laurent Mauvignier montre les préparatifs fébriles d’une réunion un peu particulière. L’occasion renouvelée pour le dramaturge et romancier d’ausculter les empêchements intimes. Yoann est en route. Cela fait quatre ans que six personnages plus un l’attendent. Ce sont leurs retrouvailles, aujourd’hui, que nous promet la nouvelle pièce de théâtre de Laurent Mauvignier. Ils se rassembleraient, le fils revenu, les parents, les sœurs et leurs compagnons. Ils se diraient leur joie d’être enfin réunis, tout ce qui s’est passé entre-temps, les petits comme les grands événements, et ce qu’ils n’ont jamais réussi à se dire....
Égarés, oubliés
par Didier Garcia
No future
Dans une Bucarest en ruine, le Roumain Mircea Cărtărescu (né en 1956) plante un roman labyrinthique, aux accents de fin du monde.
On avait déjà éprouvé ce genre de vertige avec le 2666 de Bolaño, le Tunnel de Gass, le JR de Gaddis, ou encore Le Grand Roman de Ladislav Klíma. Cette impression de ne jamais très bien savoir où l’on est, où l’on va, et de pouvoir perdre pied pour peu que la lecture se fasse un peu moins attentive. Cette certitude, éprouvée page après page, de ne jamais être, en tant que lecteur, dans sa zone de confort. Et de se sentir sans cesse malmené par un texte tentaculaire, à l’intérieur duquel on craint d’être englouti. Avant d’en ressortir les bras ballants. Un peu sonné. Mais aussi épaté.
On...
Le Matricule des Anges n°223