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À tenon & mortaise
Lmda N°251 En vingt et une pièces du meilleur bois, l’assemblage élégant d’un auteur-charpentier. La page 15 du second livre de Francis Navarre, « charpentier lettré » formé chez les Compagnons, nous éclaire sur la raison du premier, De l’hexagone considéré comme un exotisme (Lmda N°223) : « À vingt-trois ans, j’étais trop vieux pour le Tour de France, (…) « plus assez souple » pour ce noviciat ». Accomplir sur le tard le rituel du périple, et réaliser le chef-d’œuvre non pas sur l’établi...
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Domaine étranger « Une fille ne peut pas devenir poète » Parution du premier tome des mémoires poétiques de la danoise Tove Ditlevsen dans lequel l’œuvre à venir et l’enfance se reflètent l’une l’autre. Tove Ditlevsen s’émouvait de toutes choses à condition de les percevoir par « des voies détournées ». Les faits, « rigides et fixes comme les réverbères dans la rue », ne l’intéressaient pas et on les chercherait en vain dans son autobiographie, exempte de dates et de bornes. Malgré la misère de son milieu d’origine, malgré ses relations tumultueuses avec quatre maris et trois enfants, malgré ses addictions, Tove Ditlevsen aura écrit une...
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Domaine français Le salut aux ombres Joseph Bialot (1923-2012) écrit son récit du camp et de l’impossible deuil du camp. Un grand livre d’Auschwitz. L’ancien résistant Joseph Bialot, né Joseph Bialobroda à Varsovie, a déjà 55 ans à la sortie de son premier polar, et c’est à 78 ans qu’il témoigne d’Auschwitz. Il aura été en panne un quart de siècle, la tête encore dans le camp. Et puis, à quoi bon ? « On ne compte plus les récits sur la déportation. Ils se sont accumulés. En vain. Tout le monde écoute, personne n’entend. » Pourquoi en rajouter si « Auschwitz ne peut pas être “mis en...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
I want Ubac
Au mois de novembre dernier, un sénateur issu du centre décomplexé verse en catimini quelques grammes d’ecstasy dans la coupe de champagne d’une amie députée avec l’espoir qu’elle se mélange les chambres. La manœuvre échoue et la dame porte plainte. Afin de justifier le geste de son client, l’avocat propose une circonstance atténuante : la veille des faits, son vieux chat venait de mourir. Presque la réponse d’Agnès à Arnolphe dans L’École des femmes. Pour le même effet : hilarité générale.
Le pays n’est pas prêt à considérer le deuil des animaux de compagnie. Le chien trépasse et la...
Le Matricule des Anges n°250
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Charles Bonnot *
Fuck Up, d’Arthur Nersesian
Tu aurais le temps pour une trad à rendre en février ? Je crois que le texte pourrait te plaire.
– Je devrais pouvoir m’organiser, c’est quoi ?
– Ça s’appelle The Fuck-Up, d’Arthur Nersesian. C’est sorti en 1991, c’était son premier roman, il a été racheté par MTV Books puis il a un peu disparu des radars, il est quasiment introuvable aujourd’hui. Ça se passe à New York dans les années 80, c’est bien déglingué et assez mélancolique, tu le lis et tu me diras ce que tu en penses ? »
Je l’ai lu, j’ai dit ce que j’en pensais et je me suis organisé. Pourquoi ?
Parce que bien évidemment...
Le Matricule des Anges n°245
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Domaine étranger Défaire le temps Roman élastique sur l’enfance et l’oubli, Mon sous-marin jaune de Jón Kalman Stefánsson est un accordéon autobiographique qui s’étire depuis nos jours jusqu’aux années 1970 en Islande. Un jour de l’été 2022, si proche de celui de notre lecture, un narrateur identique à Jón Kalman Stefánsson se retrouve, dans un parc londonien, face à un fantôme de son enfance : Paul McCartney. Et « les vagues du passé » de tomber sur l’écrivain assis et de le ballotter le temps d’un roman entre ce point de départ et les années 1970 en Islande. Le petit garçon a 7 ans lorsqu’il apprend, au détour d’une phrase, que sa mère est morte. Il vit...
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Poésie En guerre D’une vigueur extrême et contenue, Solmaz Sharif dessine avec la pointe du couteau sa condition d’exilée et son impossible issue. Après le très remarqué Mire paru en 2019, Douanes de la poète Solmaz Sharif continue d’explorer la question du déracinement et de l’exil. Née en Turquie en 1983 de parents iraniens puis naturalisée américaine, elle enseigne l’anglais à la très prestigieuse université de Berkeley. Un pur produit de l’intégration américaine, pourrait-on penser. Ce serait trop simpliste et il nous faudrait faire sans cette colère qui court de bout de bout de...
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Poches Le rire dissout le nazi Collectant les brimborions imprimés ou dactylographiés de la Résistance, l’historienne Alya Aglan met en évidence l’humour de Français vaincus mais résolus au cœur d’un temps troublé. L’étude des éphemera est une activité de plus en plus prisée des chercheurs depuis que diverses numérisations et mises en ligne ont mis en évidence leur teneur en informations précieuses. Il fallait jusqu’à présent fouiller dans les recoins les plus sombres des archives, musées et bibliothèques pour repérer ces « pièces » négligées, souvent accumulées en « recueils » (boîtes) non cataloguées. C’était au petit bonheur la chance… La présente...
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Théâtre Un opéra tout neuf L’œuvre culte de Bertolt Brecht, nouvellement traduite, bénéficie d’un remarquable travail éditorial. L’Arche, la maison d’édition qui veille historiquement sur les œuvres de Bertolt Brecht, poursuit avec constance et intelligence son travail autour des textes du grand dramaturge allemand. Après avoir publié en romans graphiques Histoires de monsieur Keuner et La Résistible Ascension d’Arturo Ui, elle entreprend cette fois de nous faire redécouvrir son œuvre la plus célèbre, L’opéra de quat’sous à travers une très belle édition critique. En...
Intemporels
par Didier Garcia
Dieu, les loups et la salamandre
Roman de formation, L’Homme qui savait la langue des serpents de l’Estonien Andrus Kivirähk sonne aussi le glas d’un monde.
D’un côté : une forêt, avec ses légendes, sa salamandre géante endormie pour l’éternité, des êtres humains parlant la langue des serpents (qui leur permet de calmer les loups comme de forcer « un élan ou un chevreuil à s’approcher et à se laisser égorger »), des anthropopithèques vivant nus à la cime des arbres, se nourrissant de viande quasiment crue et utilisant des outils façonnés dans la pierre, le sage des vents, capable de les attraper tous et de les retenir chez lui à l’aide de cordes… De l’autre : un village, qui ressemble à ce que devaient être les nôtres au Moyen Âge, où...
Le Matricule des Anges n°246