RUBRIQUE Histoire littéraire
Les articles
Une marque allemande
De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique.
Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi fugueuse à 18 ans mais pour suivre une troupe de théâtre ambulant, est une semblable rebelle. Et le début de son « Tagebuch » – un journal – attaque fort lui...
Zébrures d’épistole
Plus que littéraire, la correspondance entre Georges Perros et Pierre Pachet montre une amitié à hauteur d’hommes.
Qui découvre un jour Georges Perros (1923-1978) et ses écrits à nul autre pareils, dont les fameux Papiers collés, ne pourra plus jamais s’en détourner. Cette correspondance avec son cadet de quatorze ans Pierre Pachet (1937-2016), qui lui aussi nous manque, est une belle occasion de les retrouver, et ce grâce à Thierry Gillybœuf, impeccable transcripteur des quelque 150 lettres échangées...
Cette fois-ci la forêt était vierge de Colette Thomas
Dans l’entourage d’Antonin Artaud, la pulsion d’écrire n’était pas rare, et c’est Colette Thomas sans doute qui illustra le mieux ce recours à la lettre – notamment pour échapper aux tourments inventés par les psychiatres du temps qui confondaient expérimentation barbare et soin médical. On sait ce qu’Artaud eut à souffrir des électrochocs, il en a assez parlé. Son amie Colette Thomas...
L’algérianité au cœur, et à corps perdu
La poésie, l’amour, la liberté, une soif inaltérable de vérité, un naturalisme dionysiaque, la vie de Jean Sénac (1926-1973), qui se définissait comme « poète algérien de graphie française », relève d’une véritable esthétique de l’existence. Comme en témoigne l’ensemble de ses écrits intimes.
Mis bout à bout le contenu des cahiers, carnets, agendas et journaux que Jean Sénac a tenus à quelques périodes clés de son existence, constitue une sorte de chronique intime de plus de trente ans de vie – de ses 16 ans à son assassinat dans la maturité de ses 46 ans. Moments retranscrits, réflexions, interrogations politiques, croquis pris sur le vif, poèmes, tous ces écrits fragmentaires et...
Dissemblables mais complices
Si tout semble séparer Maurice Chappaz, le « catholique païen », et Philippe Jaccottet, l’homme du doute à la rigueur protestante, leur correspondance montre qu’ils partageaient la même idée d’une poésie de la présence.
Après avoir lu la correspondance (1942-1976) que Jaccottet échangea avec Gustave Roud (Gallimard, 2002, édition établie par José-Flore Tappy) on espérait découvrir celle qu’il échangea avec Chappaz. Un vœu aujourd’hui exaucé grâce à cette même José-Flore Tappy. Elle commence, cette correspondance, suite à une note de lecture élogieuse de Jaccottet à propos de Verdures de la nuit (1945), le...