La rédaction Sophie Deltin
Articles
Promesse subversive
Le regard d’insouciance miné par la révolte d’Irmgard Keun, écrivaine allemande à succès des années trente, méconnue en France.
Dans Quand je serai grande, la narratrice, une enfant pétillante à l’imagination insatiable, accumule les bêtises et les infractions à l’ordre petit-bourgeois dont au fil des jours, elle démasque, mine de rien, les cécités et les lâchetés d’adultes. Dans cette chronique bien ancrée dans le contexte de la fin de la Première Guerre mondiale, à travers laquelle on peut déjà déceler les signes insidieux d’une société encline au conformisme et à l’inertie de la pensée, terrain idéal de tous les totalitarismes, la petite fille se heurte en premier lieu au moralisme hypocrite et misogyne de sa...
Enfance de secours
À la fois récit poétique et conte fantastique, le premier roman de l’Autrichienne Valerie Fritsch offre une somptueuse méditation sur le paradis perdu de l’enfance.
Qu’est-ce que le destin, sinon la densité de l’enfance ? » : parce qu’il fait de l’enfance la source vive de l’existence, la détentrice des secrets de son origine et de sa fin, le premier roman de Valerie Fritsch, dont la parution l’a très vite identifiée comme un des talents prometteurs (elle est née en 1989) des lettres autrichiennes, aurait pu faire sienne cette fulgurance de Rilke. C’est...
Des livres
Mélodie : chronique d’une passion
de
Akira Mizubayashi
Mélodie de Vienne : Roman d’une maison
de
Ernst Lothar
Maison de famille
Grandeur et chute de l’Autriche-Hongrie à travers la saga d’une famille viennoise. Le grand roman injustement méconnu d’Ernst Lothar.
Refléter le faste et le déclin de la maison impériale et royale des Habsbourg à travers l’histoire mouvementée d’une maison de la grande bourgeoisie viennoise, telle était l’idée du romancier et metteur en scène autrichien Ernst Lothar (1890-1974) lorsqu’après avoir fui son pays et s’être réfugié aux Etats-Unis en raison de ses origines juives, il écrivit Mélodie de Vienne afin,...
Une petite flamme dans l’hiver
Dans un court récit, Wolfgang Hermann se confronte à ce qui vint un jour happer son existence : la mort de son fils. Et livre un hymne irréductible à la vie.
Perdre un enfant, enterrer sa propre progéniture : les parents que vient frapper ce malheur forment une communauté d’orphelins à part entière. Du jour au lendemain, le narrateur d’Adieu sans fin a basculé dans ce désastre-là. « C’est le silence qui me l’apprit, c’était un silence qui ne pouvait qu’annoncer la présence de la mort », celle de son fils qu’il retrouve un matin inanimé dans son...
Le zéro et l’infini
Un élève tyrannisé par son maître : dénonciation d’une pédagogie mortifère, le roman de l’Autrichien Friedrich Torberg, publié en 1930, offre un laboratoire d’observation du mal.
C’est leur dernière année de lycée, celle de la « Maturité » (le baccalauréat), et les nouveaux élèves de la classe de terminale viennent de connaître le nom de leur professeur principal – « de mathématique et de géométrie descriptive ». Kupfer ? Sa réputation lui vaut le surnom de « Kaiser Kupfer » – en écho à peine voilé à l’acronyme officiel « k. und k. » (« kaiserlich und königlich »,...