La rédaction Marie-Laure Picot
Articles
Un livre
Je ne suis pas une prostituée, j’espère le devenir
de
Henri Deluy
Deluy, sans fard
Mêlant notes et souvenirs, le poète trace avec gravité le portrait en creux de toute une vie. Son nouveau recueil, l’un des plus beaux, est une leçon d’humanisme.
Peut-on aujourd’hui encore écrire des poèmes aux accents lyriques avec une matière de prose ? Tentative risquée d’équilibre que le poète Henri Deluy assume avec force à l’occasion de Je ne suis pas une prostituée, j’espère le devenir. Un titre qui surprend et qui ne dit d’abord rien sinon une intention : par ce titre qui n’est pas un titre de livre de poésie, « je » signe un livre de poésie. « Car,/ Ce qui ne pourrait/ Le poème le dit. »
Par touches successives et tranchantes, le poète nous offre un livre de chair, de sang et d’amour, dans une langue souvent désincarnée. La matière du...
Un livre
Les Intérêts du temps
de
Stéphane Zagdanski
L’être et l’actu
Pour Martin Heidegger, le monde ne tourne pas rond. On nous a déjà habitués, avec un profil-type de personnage solitaire, la trentaine, un peu en marge, à des livres-monologues, nombrilistes et ternes, qui nous renvoient au visage notre propre solitude d’une manière souvent abrupte et gratuite. Le personnage du premier roman de Stéphane Zagdanski n’est pas de ce bain-là. Martin Heidegger...
Kati et ses langues
Avec intelligence et légèreté et humour, Katalin Molnár livre un texte innovant et drôle à prendre très au sérieux. Un agrégat de sensibilités.
Quant à je (Kantaje) est de ces livres dont l’approche s’avère dans un premier temps quelque peu ardue. Genre d’ouvrage à propos duquel il est aisé d’imaginer le commentaire : « C’est sûrement intéressant, mais j’ai pas pu aller au-delà de la troisième page. » La satisfaction, on le sait pourtant, est souvent le fruit de la persévérence. Faut-il se forcer un peu, passer le cap du décriptage...
Des livres
Dormi pleuré
de
Raymond Queneau
What a man !
de
Georges Perec
Fils Parac et père Quenottes
Il eut été dommage qu’une collection oulipienne, ne réserve pas sa première publication au papa de l’Oulipo, le dénommé Raymond Queneau. Et qu’en deuxième publication le fiston, un de ceux qui ont le mieux représenté l’Ouvroir de Littérature Potentielle, prenne le relais. Mais bon, les inédits d’auteurs morts d’une part et complètement acceptés et même chéris d’autre part, sont loin de courir...
Un livre
Le Département de la Lozère
de
Renaud Camus
Le Département de la Lozère
Roman ? Guide très érudit ? Promenade littéraire dans un pays aimé ? Difficile de trancher. On pourrait aussi appeler le livre de Renaud Camus « Guide de luxe pour promeneurs lettrés » ou « Éloge de la Lozère par le vide ». « La Lozère a commencé de me fasciner, enfant – lorsqu’on apprenait encore les départements, dans les écoles –, parce qu’elle était toujours moins que tout. » Le...