La rédaction Guillaume Contré
Articles
Des livres
Halage
de
Patrick Wateau
L' Immobilité et brin d’herbe
de
Serge Nuñez Tolin
Fragments sur l'atelier
Deux recueils abordent chacun à leur façon une poétique de la brièveté, oscillant entre la tentation de l’aphorisme et le concassement des images.
Maison « d’auteur », le Cadran ligné, dirigé par le poète Laurent Albarracin, publie peu mais bien. Deux nouveautés à son catalogue le démontreront une nouvelle fois : Halage, de Patrick Wateau et L’Immobilité et un brin d’herbe, de Serge Núñez Tolin. Les associer, au-delà de leur éditeur commun, n’est pas totalement capricieux, l’un et l’autre pratiquent ici une poésie qui procède par éliminations plutôt que dans l’expansion. Des poèmes courts, donc, qui forment des séries et qui, page après page, enrichissent un sens toujours un peu fuyant, sur le mode du pied de nez : c’est...
Voyage sans agrément
On connaît l’Uruguayen Horacio Quiroga (1878-1937) pour ses nouvelles fantastiques, genre si prégnant dans les lettres du Rio de la Plata et qu’il a presque inauguré. Ses Contes d’amour, de folie et de mort ont créé une dynamique de l’étrange et de l’inquiétant qui a fait école. On connaît également sa vie, où les malheurs n’ont cessé de s’enchaîner jusqu’à son propre suicide au cyanure. Mais...
Guerre souterraine
Dans ce classique des lettres argentines, Fogwill fait d’un conflit absurde une affaire de survie quotidienne planquée au fond d’un terrier.
Il y a des textes qui s’écrivent collés au réel pour mieux s’en distancier. Ainsi de Sous terre, qui sortait de presse alors que les braises de la guerre des Malouines (printemps 1982) rougissaient encore. Des soldats las d’un conflit perdu d’avance décident d’y déserter pour se planquer dans l’abri souterrain qu’ils ont construit. S’auto-dénominant « Tatous », ils organisent une petite...
La grande clarté de l’ambiguïté
Les récits de l’Argentin Edgar Bayley ont l’art de convertir l’immédiateté de la poésie en fictions asymétriques et aériennes.
A la lecture de la trentaine de courts « récits » (dans le sens le plus libre du terme) qui composent ce recueil, on ne s’étonnera pas de savoir que l’Argentin Edgar Bayley (1909-1990) fut d’abord poète. Un poète conscient de son propre travail et plus généralement des enjeux du genre, puisqu’il fut également un critique conséquent. On retrouve dans son seul livre de fiction une densité...
L’insondable légèreté du cœur
En une centaine de pages, Hanns Zischler tisse avec subtilité la sortie de l’enfance d’une jeune fille dans l’Allemagne de la fin des années cinquante.
La Fille aux papiers d’agrumes se construit discrètement, presque délicatement, autour d’un centre fragile. Une métaphore prête à s’envoler à la première brise (pas de grandes bourrasques ici, même si les cicatrices de l’histoire ont laissé leur marque) : celle de ces papiers d’agrumes que collectionne la jeune Elsa. Colorés, attirants, presque allégoriques, ils scandent les noms de lieux...