auteur Sylvain Trudel
A propos
« Quand je n'écris pas, je suis normal »
Sylvain Trudel publie peu. Jamais content, il pousse même le vice (ou la perfection) à retravailler ses textes déjà parus, comme ceux de La Mer de la tranquillité. Ses histoires sont pleines à craquer de gosses aux genoux cagneux et aux yeux grands ouverts sur le monde. Causerie outre-atlantique, entre gravité et facétie.
En une seule phrase, terriblement simple, Sylvain Trudel possède l’art de tacler ses bienheureux lecteurs et de les laisser ventre à terre. Ainsi, celle-ci, piquée – pas au hasard – à la page 122 de La Mer de la tranquillité : « Tout seul dans le noir, on se sent moins seul, parce qu’on ne voit pas qu’il n’y a personne d’autre. » Une nuit, un gamin se barricade dans sa chambre, il s’enfouit sous ses draps, et se répète : « Tout seul dans le noir, on se sent moins seul… » Ce gamin pourrait bien être Sylvain Trudel quand il cède à l’écriture, se laisse habiter par ses narrateurs, consent...
Ouvrages chroniqués
La Mer de la tranquillité
de
Sylvain Trudel
2006
Après « Du mercure sous la langue », l’écrivain québécois Sylvain Trudel nous offre des nouvelles d’une aussi grande force, qui troublent et ravissent à la fois.
Né à Montréal en 1963, Sylvain Trudel a jusqu’ici fait paraître, en plus de plusieurs romans pour la jeunesse, six ouvrages de fiction dont trois ont été publiés par Les Allusifs. La Mer de la tranquillité, brise rafraîchissante sur cette rentrée, réunit neuf nouvelles bouleversantes et chamarrées, situées en zone de fort tumulte et d’océan plutôt agité, mais, comme veut l’indiquer le titre, en quête d’apaisement.
Dans une langue colorée et abondante qui ne s’essouffle pas, nous sont présentés des protagonistes déchirés entre une conscience aiguë du vide et l’énergie brute de...
Le Souffle de l’harmattan
de
Sylvain Trudel
À l’écoute indiscrète d’une dispute parentale, Hugues comprend ce soir-là, par les propos de sa « mère adaptative », l’étrange origine de ses yeux en amande. « Et c’est ainsi que, du jour au lendemain, je suis devenu orphelin, que Claude et Céline sont devenus mes demi-parents, Jasmine ma demi-sœur, Benjamin mon demi-frère, Pipo mon demi-chien ». Pour se dédommager de cet univers brutalement scindé, l’enfant adopté s’engouffre dans les tourbillons d’une amitié avec son camarade Habéké Axoum, un copain africain réfugié en Occident (« en Accident », dit Hugues). Dans le recueil des Vies...
Du mercure sous la langue
de
Sylvain Trudel
Dans un roman intense, au fiel amer et violent, Sylvain Trudel visite la conscience révoltée d’un jeune adolescent condamné par la maladie. Un texte d’une lucidité brutale.
Frédéric meurt par les os, lentement, horriblement. Il meurt en rébellion, incapable de tolérer le « petit ossuaire » de son corps dégradé. Incapable aussi de s’apitoyer sur ce paquet de chair qu’il promène, dans la « limousine chromée » d’une chaise roulante, à travers les couloirs d’un hôpital encombré de calamités. Frédéric dépérit, le ventre dévoré par le cancer, et il hurle son refus de coopérer. À presque 17 ans, Frédéric n’intrigue pas avec la camarde, ni avec la duperie d’une miraculeuse guérison. « Je souhaiterais juste crever comme un chien, mais je devrai me contenter de crever...