auteur Pierre Jourde
A propos
Une vie en crue
Boulimique d’écriture et de voyages, Pierre Jourde déploie une énergie combative où le conflit est aussi un moyen de rencontrer l’autre. Pour une vie plus intense, sûrement, ou pour donner à l’existence la possibilité de créer son propre réel. On doit appeler ça : la liberté.
C’est par un pavé jeté dans la mare que Pierre Jourde va accéder, d’un coup, à la notoriété. La mare a un nom : la république des lettres. C’est un endroit généralement feutré où les coups de poignard se font sans trop de bruit, par des personnes autorisées, alors que les couronnements (fort nombreux pour une république) s’étalent à la Une de certains suppléments littéraires, relayés aussitôt par les émissions pseudo-culturelles. Le pavé, lui, a un titre : La Littérature sans estomac. La référence à Julien Gracq sert de provocation : puisque la littérature qui vaut la peine est...
Quelque chose de noir
Des violences qui lui ont été faites après la parution de Pays perdu, par ceux-là même que le livre mettait en lumière, Pierre Jourde tire un questionnement intense de la littérature et des exigences de celui qui la pratique. Pour s’y livrer, au final, pleinement.
Or donc, voici un livre lumineux et noir, chargé jusqu’à la gueule d’une beauté sauvage qui raconte un lieu de France, un village au bout d’une route qui s’évanouit en champs de bouses. Un livre qui égraine « les maisons encloses du sommeil des chiens et des ruminants » d’un hameau perdu au bout d’une nuit ancestrale. Un livre, rappelle son auteur, qui voulait (et parvient à) rendre « la...
Écrire, coûte que coûte
Polymorphique et prolixe, l’œuvre de Pierre Jourde ressemble au delta d’un fleuve fougueux. Si ses eaux ont la même source, elles empruntent des pentes différentes et peuvent apparaître claires et limpides comme chargées de toutes les alluvions.
Il y aurait beaucoup de fils à tirer. Attaquer le pamphlétaire sur les contradictions apparentes de ses choix. Mais on l’a déjà fait, façon pugilat poli au moment où Pierre Jourde faisait paraître La Littérature sans estomac (Lmda N°38). Saluer le scribe du Pays perdu, un des plus beaux livres parus en France ces dernières années (Lmda N°47). Interroger le chantre de l’incongruité littéraire...
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Ouvrages chroniqués
C’est la culture qu’on assassine
de
Pierre Jourde
2011
Avoir pignon sur blog, Pierre Jourde n’était pas chaud ; mais en définitive il s’y est fait, enjambant même les marécages de l’internet : « J’avoue avoir été, à certains moments, profondément découragé par la teneur de certaines interventions, par ce qu’elles révélaient d’inculture, de préjugés, de vulgarité (…). On a l’impression par moments qu’un espace de commentaires est une sorte de poubelle où se déverse la médiocrité. » Si l’avant-propos distingue ainsi entre bonne et mauvaise utilisation du clavier, il ne s’embarrasse pas d’une autre frontière : un blog peut-il faire un...
Gilles Magniont
avril 2011
Le Matricule des Anges n°122
Winter is coming
de
Pierre Jourde
2017
Se dire, après coup, « qu’on a été idiot d’espérer quand même, de se raccrocher, de lutter ». Se dire encore que la douleur « il faut bien la dorloter un peu, comme on dorlote le nourrisson monstrueux, la douleur est encore la vie, qui nous relie aux morts ». Se dire désormais « que les souvenirs à présent seront toujours des regrets ». Se dire, et puis l’écrire. Quand on est écrivain comme Pierre Jourde, que l’on sait la force de la littérature, pas d’autre choix que celui de se mettre à la tâche – à nu –, raconter l’absurdité comme la colère, les espoirs guerriers comme les...
L' Heure et l’ombre
de
Pierre Jourde
2006
Le nouveau roman de Pierre Jourde aborde un rivage inattendu : celui de l’amour romantique. De quoi faire passer la littérature de l’estomac au cœur.
Comme dans Pays perdu ou Festins secrets, le récit et le roman précédemment parus chez le même éditeur, L’Heure et l’ombre débute par la narration d’un voyage. Moyen, pour Pierre Jourde, de nous faire entrer peu à peu dans son univers teinté de fantastique. Ce n’est pas là, la seule résurgence de ce roman : on retrouve le don qu’a l’auteur de dresser un portrait des petites villes de province, ou son attirance pour les forêts à la pénombre romantique.
Le voyage inaugural est celui que fait le narrateur (on ne saura qu’à la fin du livre qui il est) en voiture dans la compagnie de Denise,...
Festins secrets
de
Pierre Jourde
2005
Derrière la chronique sociale et sa charge contre le système éducatif le roman de Pierre Jourde, sombre et baroque, annonce un monde en proie à la folie.
On connaissait Pierre Jourde pour son talent de pamphlétaire, lors de cette Littérature sans estomac qui sut avec humour et brio donner bien des aigreurs au journal Le Monde et à ses servants, à ces écrivains qui dilatent leur anorexie romanesque avec les boursouflures d’un moi aussi insignifiant qu’exhibé. Le voici qui met enfin ce talent au service du roman. Pierre Jourde n’aura pas persiflé en vain ses contemporains français, il est capable de faire mieux, de lever des « secrets » bien gardés, de nourrir l’appétit de ses lecteurs avec ses « festins » : secrets de polichinelle de...
Pays perdu
de
Pierre Jourde
2003
En mémorialiste des oubliés, Pierre Jourde dresse le portrait d’un pays aride et tragique.
À la suite du décès d’un cousin, le narrateur et son frère retournent dans le village enfoui au cœur de montagnes inhabitées, un cul de Judas, où s’est écrit le destin de leur père. La montée vers le hameau, dans la succession des virages, nous introduit dans ce Pays perdu, qu’on croirait rêvé. La route, à un moment s’arrête, elle « se transforme doucement en lieu » : nous sommes arrivés. Là, les deux hommes apprennent la mort, le jour même, d’une jeune voisine emportée par la leucémie. La veillée funèbre et l’enterrement qui réunira les survivants des hameaux voisins conduisent...
Empailler le toréador
de
Pierre Jourde
1999
Auteur de plusieurs essais littéraires et d’un roman (Carnage de clowns) Pierre Jourde, le directeur de la revue Hespéris, s’est attaché à Empailler le toréador. Est-ce à dire que sa santé mentale décline ? Non, car c’est à l’incongru dans la littérature française (de Charles Nodier à Éric Chevillard) qu’il consacre, enthousiaste, une réflexion doublée d’une anthologie plaisante. Avec le concourt de Romi, Commerson, Allais, Töppfer, Fourest, Mandiargues ou Vialatte, Jourde nous apprend qu’avant d’être une fantaisie superfétatoire et déroutante usée à des fins humoristiques,...