auteur A.S. Byatt
A propos
Réinventer l'énigme
La romancière anglaise A. S. Byatt récemment disparue aura-t-elle œuvré pour rien ? Ses malicieuses expérimentations et son formidable goût pour les récits trouveront-ils encore des adeptes ?
Constatant l’empressement que met le milieu littéraire à négliger les écrivains dès lors qu’ils ne sont plus aptes à produire de cette panacée qu’est la « nouveauté », il nous est venu à l’esprit que, peut-être, on avait déjà oublié la romancière anglaise A. S. Byatt décédée cet automne, le 16 novembre, à Londres. Ses livres Le Sucre et Possession ont été au cours des décennies 1980-1990 d’incontournables lectures. Les librairies la « badaient ». Près de trente ans plus tard, qu’en est-il ? Plus un livre sur table, et pas plus de poches sur les étagères. Le néant a nimbé de sa noire étole...
Ouvrage chroniqué
Possession
de
A.S. Byatt
Comment écrire un roman plain d’intelligence, obtenir le Booker Price, le Goncourt anglais, et passionner des milliers de lecteurs ? Réponse : en étant possédé par l’amour de la fiction.
J’ai mis des années à comprendre que, pour aller à l’essentiel, je devais en revenir au romanesque, à ce que j’aimais lire lorsque la petite fille souvent malade que j’étais se plongeait avec avidité dans la fiction. » La profession de foi que fait Antonia S. Byatt à Libération (du 2/9/93), éclaire à elle seule l’immense succès du Booker Price 1990.
L’avidité, c’est bien ce que l’on ressent dès les premières pages de Possession lorsque Roland Michell découvre à la London Library deux brouillons de lettres enflammées du poète victorien Randolph Henry Ash (« cendre » en français*). Ces...