La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Revue Polliniser l’ailleurs

mai 2022 | Le Matricule des Anges n°233 | par Dominique Aussenac

Semestrielle, Graminées rassemble des nouvelles illustrées des cinq continents.

Graminées N°3 (Promesses)

Le monde est vaste. Sa littérature aussi. La revue Graminées sous la direction d’Ève Vila et de Nathalie Tournillon disperse à tous vents ses nouvelles. Après « Couple(s) », « Évasions(s) », pour ce troisième numéro des « Promesse(s) » nous sont proposées. Elles seront tenues : inattendues, puissantes, inquiétantes, poétiques, dénonçant la place de la femme et de l’environnement dans nos sociétés.
Cinq est le nombre fétiche de la revue qui met en exergue cinq continents, deux fois cinq écrivains, cinq plasticiens chargés de son ornementation (à noter que la période est au bleu presque Klein) et cinq (plus un) traducteurs qui s’épanchent en fin d’ouvrage.
Les autrices y apparaissent plus prégnantes, habitées, combatives et la Kényane Makena Onjerika la plus abrupte, violente, sidérante. Une pauvresse Meri tente de survivre au milieu de ses consœurs qui la jalousent et se désolent de sa misère. « Fanta Cassis » chante un terrible blues, celui des femmes d’un bidonville qui pour survivre, mendient, se prostituent, sont violées et battues. Meri un jour disparaît. A-t-elle traversé la rivière Nairobi pour trouver un monde meilleur ? En attendant, la plupart suivent son chemin. « Et certaines de nous, parce qu’on sniffait trop de colle, notre tête a mal tourné et on a commencé à enlever nos vêtements et à pourchasser des gens dans Nairobi. » Le travail sur la langue permet ici de retrouver la fulgurance de l’oralité.
La littérature mahua désigne l’écriture sinophone de Malaisie, celle de Ho Sok Fong qui nous offre « Le Mur », un récit où modernité mélancolique et fantastique kafkaïen autant qu’hitchcockien s’étreignent. Il est question d’une autoroute qui telle une plante carnivore grignote un quartier cerné d’ordures. Ses habitants ne voient plus le soleil et vivent presque murés chez eux. Le narrateur est un enfant qui évoque une autre disparition, celle d’Auntie, une vieille femme que son mari laisse confinée dans la cuisine. Elle se console avec un chat, un poisson et des plantes luxuriantes qu’elle a le don de faire pousser. « Elle enjambe les déchets en décomposition et remarque que son corps est léger, tout léger : même les boîtes de polystyrène ne gardent aucune trace de ses pas. » Une écriture qui cisèle autant le corps que l’âme.
Annika Norlin, chanteuse suédoise, a écrit « La pute balte » à partir d’une expression entendue dans un bar. C’est encore un jeune garçon qui la narre. Son copain et voisin vit avec son paternel, lui annonce : « Mon père récupère une pute balte ce soir, a enchaîné Fogdö, histoire de dire un truc, je suppose. Une pute balte, v’la aut’chose. Ils se sont écrit, a ajouté Fogdö avant de repartir sur son vélo. » Fée étrangère, Julia enchantera par sa fantaisie, sa force de vie, sa gentillesse les deux familles jusqu’à ce que l’ennui, la petitesse, l’uniformité l’en chassent. Tendre et poignant.
Quant à la Canadienne Carleigh Baker, métisse d’ascendance crie et européenne, elle vit en territoire indien. « La dernière femme sur terre » propose une mise en abîme où réel et fiction s’interpénètrent. Une jeune femme seule dans un chalet isolé sur l’île Galiano, non loin de Vancouver, qui tente d’écrire et d’en assumer la solitude se distrait en jouant à un jeu vidéo post-apocalyptique : « La femme du jeu vidéo est la dernière personne sur Terre, et elle doit rester en vie. » La nature lui semble hostile, elle se sent observée et comprend qu’elle n’en fait pas partie. Subtil et inquiétant. La revue Graminées sème de bien vivifiantes graines.

Dominique Aussenac

Graminées N°3
128 pages, 20

Polliniser l’ailleurs Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°233 , mai 2022.
LMDA papier n°233
6,50 
LMDA PDF n°233
4,00