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Essais Fou allié

novembre 2020 | Le Matricule des Anges n°218 | par Anthony Dufraisse

Enjeu de société, la psychiatrie défendue par Emmanuel Venet se veut artisanat d’art de l’altérité.

Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Observations en trois lignes

La petite jaune » voit rouge. Et rouge écarlate, même. « La petite jaune », c’est l’intitulé de la collection la plus engagée des éditions Verdier. Et celui qui voit rouge c’est Emmanuel Venet, huit livres au compteur dont la moitié à cette même enseigne, par exemple Précis de médecine imaginaire ou Ferdière, psychiatre d’Antonin Artaud. Ces deux titres laissent deviner d’où l’auteur parle. « Je suis écrivain, mais aussi psychiatre, et je travaille à l’hôpital du Vinatier, près de Lyon, depuis le milieu des années quatre-vingt ». Les présentations faites, voyons un peu l’enjeu de ce livre-manifeste, amorcé avec un constat alarmant : « La psychiatrie publique de notre pays craque de toutes parts… » Et le craquement n’est pas seulement celui des conditions de travail des soignants et d’accueil des patients, mais celui des querelles internes. Car la psychiatrie française, véritable cocotte-minute organisationnelle, bombe à retardement sectorielle, est aussi, on le sait moins, le théâtre de clivages théoriques entre professionnels. Et c’est de cela d’abord dont il est question dans ces pages.
Fort de son expérience et de ses convictions, Emmanuel Venet expose ces divergences profondes qui traversent la filière et prend résolument position. « Affolante dérive des théories et des pratiques psychiatriques », « régression sociétale majeure », « psychiatrie industrielle », « protocolisation à outrance », « discipline désubjectivisée et standardisée », le ton est moins à la discussion qu’à la dénonciation. Il faut dire qu’en face, à en croire Venet, il y a « un rouleur compresseur ». Pour le dire vite : les adeptes des neurosciences (qui pensent que la pathologie s’origine dans le seul cerveau) et/ou des praticiens portés sur des méthodes de diagnostic importées des États-Unis. Des courants plus que porteurs en ce moment et qui pourraient, demain, orienter totalement la politique sanitaire de notre pays. Parce qu’elles revendiquent l’efficience dans la prise en charge des troubles mentaux, ces approches semblent de plus en plus séduire la puissance publique qui, ayant remisé au placard les nombreux rapports commis depuis vingt ans sur la situation de la psychiatrie en France, pense système, gouvernance et management avant de penser détresse et vulnérabilité des malades. Si le degré de civilisation d’une société est fonction de « la bientraitance des malades mentaux  », alors, plaide l’intéressé, faisons place avant tout à « un mode d’exercice de la psychiatrie artisanale, prenant en compte le caractère unique et la triple dimension biopsychosociale des personnes soignées. Autrement dit, l’importance de l’investigation clinique, l’intérêt pour le cas d’espèce, l’invention pour chaque malade du dispositif de soin le plus pertinent et la prise en compte de son mode de vie singulier. » Oscillant sans cesse entre le réquisitoire et le plaidoyer, ce petit livre est accessible au plus grand nombre, pas seulement aux initiés. Et si la question intéresse le lecteur il pourra aussi se reporter à La Révolte de la psychiatrie. Les ripostes à la catastrophe gestionnaire, récemment publié à La Découverte…
Du même Emmanuel Venet paraît, en même temps que son texte d’intervention, un autre livre, plus léger (encore que…) : Observations en trois lignes. Un peu à la façon des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon, l’écrivain-médecin y croque, non sans humour (noir), quelques-uns des patients suivis au fil de sa carrière. La galerie en compte 360, évidemment anonymisés. Le cas 160 retient particulièrement l’attention : « Si Damien Y. était président de la République, il supprimerait la psychiatrie. Il voit mal ce qu’il y fait, vu qu’il ne trafique pas le paysage et s’en tient aux petits discours. En outre, il a plus de force sur terre qu’un psychiatre dans l’apesanteur. » Heureusement, Damien Y. n’est pas (encore ?) président.

Anthony Dufraisse

Emmanuel Venet
Manifeste pour une psychiatrie artisanale
Verdier, 85 pages, 7
et Observations en trois lignes
La Fosse aux ours, 100 pages, 14

Fou allié Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°218 , novembre 2020.
LMDA papier n°218
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