Hippocampe N°12 (dossier météorologie)
Sur la couverture, des moutonnements. Toutes les deux minutes, Bernard Moninot a tenté de dessiner le défilement des nuages. L’éditorial évoque, lui, une œuvre de la plasticienne écossaise Lucy McKenzie, influencée par le roman de Muriel Spark (Les Demoiselles de petite fortune). Aux confins de la décoration et de l’art contemporain, elle peint en trompe-l’œil l’intérieur d’une demeure bourgeoise du XIXe siècle. Sur les murs apparaissent en guise de tapisserie des cieux nuageux. Ce douzième numéro d’Hippocampe, revue qui mêle arts visuels, philosophie et littérature, est consacré à la météorologie. Non pas histoire de parler de la pluie et du beau temps, mais de s’intéresser à l’impalpable immédiat, « à la mémoire des phénomènes atmosphériques, par définition fugaces et insaisissables ». Stéphane Audeguy, auteur de La Théorie des nuages, cite Luke Howard (1772-1864), le premier à avoir nommé et classé les différents nuages. « Et maintenant, nous voyons les nuées avec lui, grâce à lui : les cumulus et les stratus, les cirrus et les nimbus, tout est là désormais, tout est tellement simple. » David Collin revient sur un court-métrage Che cosa sono le nuvole ? (Qu’est-ce que c’est que les nuages ?) dans lequel Pasolini réaffirme que « l’apparition des nuages favorise l’illumination poétique, embrase le discret filament de la conscience, éveille celui qui s’était endormi, qui s’était laissé enfermer dans un rôle confortable et répétitif… » Alexandre Mare suit un assassin et nous apprend que la peur des nuages se nomme néphophobie. Dans un extrait d’Une histoire de brouillard, Jacques Roman explique comment le brouillard le rend clandestin et favorise l’écriture. Un numéro superbement cotonneux.
Dominique Aussenac
HIPPOCAMPE N°12, 130 pages, 14 € - 21 rue Duhamel, 69002 Lyon