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Arts et lettres Lignes d’écume

juillet 2008 | Le Matricule des Anges n°95 | par Richard Blin

Un ensemble d’études consacrées aux limites des images, de Lars von Trier à Flaubert, dévoile l’inconscient du regard et les signes où s’enracine l’imaginaire.

Toujours passionnants les problèmes de bornes, de seuils. Parce qu’une limite peut être mouvante ou manquante, qu’elle peut devenir lieu de deuils ou de métamorphoses. Limites qui, s’agissant de l’image, se font plurielles, tant celle-ci relève déjà de la lisière des formes, et tant ses supports peuvent être variés : littérature, peinture, cinéma, vidéo, théâtre… Où commence l’image ? Où finit-elle ? Comment met-elle en abyme ses propres limites ? Telles sont quelques-unes des questions qu’abordent les contributions ici réunies.
De l’origine de l’image - à partir de quand ou de quoi une image est une image -, à son au-delà, ce sont les virtualités du visible et la notion de représentation, qui sont mises en crise. Depuis l’invisible image précédant la vision - l’infigurable scène primitive, l’image de « la nuit utérine », à laquelle s’intéresse Pascal Quignard - jusqu’aux pratiques de fusion où le cinéma se fait peinture, en passant le rapport de fascination et d’angoisse que chacun entretient avec son image (et avec toute image), c’est l’affolante réalité de l’apparence qui est auscultée, et l’inconscient du regard qui est dévoilé.
Tout l’intérêt de l’ouvrage réside dans l’exploration des équivoques du visible et l’invisible comme de celles de la perception et de la pensée. C’est Georges-Arthur Goldschmidt scrutant les langues et leurs images, montrant combien la langue allemande souligne sa relation à l’espace là où le français l’élude, et combien il est impossible « de prononcer une phrase allemande sans la voir », ce « voir » risquant d’être « non celui de la réalité telle qu’elle est, mais telle qu’elle paraît être, (…), si bien que le réalisme de l’allemand est une illusion dont on a pu voir à quelle réalité elle aboutissait. »
De l’œil intérieur que conduit la langue, au corps à corps avec la mort de Franck Cole filmant sa traversée du Sahara selon un itinéraire qui n’est autre que celui qui sépare la vie de la mort, c’est toujours la question des limites qui s’impose : limites physiques et psychiques des êtres, géométrie démoniaque du sans-lieu (dans Dogville de Lars von Trier, qu’analyse Julien Milly), ou seuil entre ce qui fut et ce qui sera (dans l’œuvre d’Edmond Jabès lue par Yaël Cange).
Entre champ et hors-champ, réalité et illusion, le chemin est souvent vertigineux, et côtoie notre part obscure, celle qui nous lie à tout ce que nous ne sommes pas, mais que nous aimerions peut-être être. D’où les fantasmes et fantômes que suscite L’Île des morts d’Arnold Böcklin, ou la façon dont la couleur, chez Hitchcock, devient un lieu d’investissement pulsionnel, ou encore la manière dont l’image publicitaire ou idéologique profite des états-limites ou des failles identitaires de sujets au narcissisme fragile (François Duparc).
Un ensemble de contributions souvent inattendues, toujours parfaitement lisibles, que nous ne pouvons toutes citées. Signalons cependant celle de Claudia Simma s’intéressant à la façon qu’a Flaubert d’élider ou de privilégier certaines images dans La Légende de saint Julien l’Hospitalier, et celle de Gwenaël Tison, qui nous fait découvrir le travail de Peter Tscherkassky, un maître du cinéma expérimental, travaillant l’image à l’aide d’un stylo laser capable de débusquer l’image dans l’image. Retenons enfin le texte d’Ophir Levy montrant comment le bio-art - qui travaille le vivant comme une matière première, à l’exemple d’Eduardo Kac créant un lapin au poil fluorescent - est une façon de congédier l’image. Un livre particulièrement riche, qui tient autant du vertige poétique que de la théâtralité ténébreuse qui hante tout regard un peu éveillé.

Les Images
limites

Collectif sous
la direction
de Mirielle Gagnebin et Julien Milly
Champ Vallon,
« L’Or d’Atalante »
276 pages, 24

Lignes d’écume Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°95 , juillet 2008.
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