La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Jeunesse La voix de son maître

novembre 2007 | Le Matricule des Anges n°88 | par Malika Person

Jean Lecointre a créé un album inspiré du cinéma, du roman photo pour dire les inénarrables préoccupations d’un couple de bourgeois. Poétique et déjanté.

Les Animaux domestiques

Pour qui ne connaît pas encore l’illustrateur et réalisateur Jean Lecointre, Les Animaux domestiques est une excellente introduction au travail de ce surdoué du photomontage. Dès la couverture, le lecteur sait qu’il tient entre les mains une matière un peu folle, un « truc » bizarre. Composé de découpages et de collages (numériques) de photographies des années 50 à 70 et de dessins de catalogues anciens, les images sont mises en scène façon roman photo. L’album interroge. De quoi s’agit-il ?
Jean Lecointre, à la manière d’un prestidigitateur, a sorti de son chapeau une histoire à l’atmosphère désuète, bourrée de non-sens, de jeux de langage, et de quiproquos reprenant à son compte les ressorts semblables à ceux du célèbre film de Blake Edwards, The Party (1968), égratignant par la même occasion l’ennui sous-jacent qui émane des joies artificielles dans la vie d’un couple.
L’histoire est amenée par une scène incongrue. Un chien, un basset Hound ressemblant au chien léthargique de l’inspecteur Colombo, frappe un jour à la porte du jardin des très chics Monsieur et Madame Archibald, leur soumettant sa candidature spontanée à un poste de majordome. Ravi, le couple engage sur-le-champ « le plus fidèle ami de l’Homme depuis… 12000 ans », loin d’imaginer que cet événement bouleversera sa vie apparemment bien rangée et sans surprises. Pour l’heure, « un chien domestique à la maison, c’est formidable ! » et cela vaut bien l’organisation d’une petite fête entre amis.
En attendant le jour J, le chien remplit ses fonctions tant bien que mal et ses patrons l’emmènent promener en forêt, en décapotable. L’animal domestique est si heureux que son animalité reprend naturellement le dessus. Il se met à aboyer et effraie ses maîtres qui l’enjoignent de réagir de manière moins expansive la fois prochaine.
Le chien est obéissant et même zélé : il est congédié… pour n’avoir pas aboyé suite au vol de la voiture de ses maîtres ! Ainsi Monsieur et Madame Archibald passent-ils allégrement du sourire à la mine horrifiée, ratant toutes les fêtes qu’ils tentent d’organiser, soumises bon gré mal gré à l’arrivée d’autres animaux qui échouent dans cette grande maison comme un cheveu sur la soupe. Se succèdent ainsi par ordre d’apparition le chien, le chat, la mouche, les souris, le crapaud et le papillon. À chacun d’entre eux, l’auteur-illustrateur consacre un court chapitre. Tous sont irrésistibles. Jean Lecointre a particulièrement soigné le personnage du papillon de nuit, allure mi-chic mi-grunge (les cheveux seraient-ils empruntés à Kurt Cobain ?) qui n’a qu’une préoccupation : faire des petits à sa belle le temps de son éphémère vie, c’est-à-dire une nuit, cette nuit.
Au travers de ces fables menées tambour battant, Jean Lecointre fait tomber le masque de chacun des personnages, qui, sous des dehors politiquement corrects, cachent leur véritable nature. Parfois les rencontres sont anachroniques et les choses ne se passent pas vraiment comme cela aurait pu être possible, créant un décalage dans le corps du récit. Une véritable et jolie princesse en fera les frais - prenant le crapaud pour un prince victime d’un enchantement. « Au cours de la soirée, la princesse solennellement l’embrassa./ Mais après le baiser, elle s’impatienta./ Eh bien, qu’attends-tu donc pour te transformer en prince ?/ C’est impossible, s’exclama-t-il, crapaud je suis, crapaud je resterai ! » Chacune des fables a, bien entendu, sa morale que chacun interprétera comme bon lui semble. Dans cet album riche en images, la lecture des illustrations est aussi passionnante. Le lecteur peut découvrir, au passage, comment Jean Lecointre a mis les mêmes visages en scène de différentes manières, par exemple… Un album plein de ressources, donc, à lire sans précipitation, avec délectation.

Les Animaux domestiques, de Jean Lecointre
Éditions Thierry Magnier, non paginé, 16

La voix de son maître Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°88 , novembre 2007.
LMDA papier n°88
6,50 
LMDA PDF n°88
4,00