Brigitte Giraud, la mémoire neuve
Ce sont onze nouvelles, parfois très courtes qui sont rassemblées ici sous un titre emprunté au chanteur Dominique A. Onze textes pour dire la séparation amoureuse. Qu’elle soit consentie ou contrainte, envisagée, effective ou entérinée. De l’histoire d’amour troussée en procès final où chaque signe est convoqué pour confirmer que la fin est proche, aux faits divers où la mort paraphe le définitif de la séparation, c’est toujours avec une voix singulière que Brigitte Giraud explore ces retours à la solitude. Il y a ici de beaux textes, comme cette lettre au père (« La Juste Place ») qui revendique une liberté face au deuil, des récits justes comme « L’Été de l’attente » qui évoque la mort de Marie Trintignant avec une vraie compassion pour les deux victimes. Il y a aussi de l’ironie mordante à dévoiler les stratégies du désamour. Ainsi dans « Dire aux enfants », où il s’agit d’annoncer le divorce en deux phrases, « deux phrases qui vont tuer quelque chose en eux, après qu’est mort quelque chose en nous. » Et puis, il y a une dernière lettre, belle déclaration d’amour au disparu, qui donne à l’ensemble une unité plus souterraine. Brigitte Giraud trouve des rythmes singuliers qui usent souvent de l’apostrophe ou de l’adresse pour tenter de dire l’infime qui fait les catastrophes. L’Amour est très surestimé n’est certes pas son livre le plus important, mais il montre, s’il en était besoin, le talent d’une fine observatrice.
L’Amour est très suréstimé
Stock, 91 pages, 11 €