Action poétique N°182
En quatrième de couverture des numéros de l’historique Action poétique, nous avons l’habitude d’y trouver les recettes de son directeur Henri Deluy : cette fois c’est la blette qui y figure, légume peut goûté, puisqu’il évoque le fade, le blafard, le flasque, l’insignifiant, etc. La morale étant qu’une revue doit se risquer aussi à publier ce qui est encore un peu blet. Dans ce nouveau numéro, il y a bien sûr de ces moments tels, mais l’important est moins la certitude d’une quelconque pérennité des interventions que ses belles révélations. Ainsi se distinguent moins dans le cahier de création les poèmes d’Éric Houser et ses coupures sémantiques que ceux de Sarah Kéryna, malgré ses tics, parce qu’elle donne à voir au fond une expérience dans le trouble de son langage, elle s’avance et parle de choses vite vues, silhouettes furtives, dates, ou Godard dans le métro. De même il est plaisant d’y lire le poème inédit de Tristan Tzara (Danseverre danse) comme la suite du Néerlandais Tsead Bruinja et son « nuit était arme qui nous a réunis/ bruns grondants blancs grognants/ gris saint brûlant dans des boîtes sahariennes/ nous avons saisi des outils durs contaminés ». Notons aussi le texte de John Cage sur le peintre Jasper Johns et un dossier d’hommages au poète argentin Saül Yurkievich, trop tôt disparu, par Claude Esteban, Jean-Pierre Faye, Léon Robel…
Action poétique N°182, 12 €