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Jeunesse À la conquête de soi

novembre 2005 | Le Matricule des Anges n°68 | par Malika Person

Pépites d’Anne-Laure Bondoux est l’histoire d’un voyage mythique conçu comme une quête initiatique.

Anne-Laure Bondoux fait de la Conquête de l’Ouest une allégorie d’un parcours initiatique de trois personnages atypiques. Scindé en deux parties distinctes, Pépites révèle un passionnant roman psychologique. Dans une première partie, les personnages semblent mener d’eux-mêmes leur existence. La guerre (de Secession ?) qui fait rage les oblige cependant à partir sous de meilleurs auspices, direction l’Ouest mythique. C’est une jeune femme qui est à l’initiative de cette ruée vers l’or et deux hommes la suivront : son père, Lom’Pa, vieillard alcoolique, paralytique et mal embouché, embarqué de force dans le chariot et Jaroslaw Modrzejewski, un soldat devenu manchot et amant de la Belle. Car Bella Rossa est d’une beauté à damner un saint et l’insistance de l’auteur sur une des caractéristiques de son corps ne laisse pas échapper au lecteur la générosité de ses attributs. Non seulement Bella Rossa a une chevelure rousse flamboyante et une démarche ondoyante mais elle possède une paire de seins « de la grosseur (…) de deux pastèques ». Cela lui suffit donc à s’attirer les pires « calamités » de la part des hommes qu’elle croise (tentatives de viol, regards lubriques).
Les personnalités qui composent ce trio infernal (et attachant au demeurant) sont lentement révélées au rythme de la pénible progression de leur voyage. Au passage, l’auteur pointe les ratés de l’histoire américaine (le génocide indien, le lynchage des Noirs…) qui, dans le texte, font émerger l’extrême violence de l’environnement dans lequel les personnages progressent.
Dans Pépites, la tension est omniprésente et gagne en intensité à chaque page. Le point zénithal est atteint lorsque les relations entre Lom’pa, Jaroslaw et Bella Rossa se dégradent jusqu’à imposer le silence entre eux, les obligeant à une introspection douloureuse. L’angoisse qui taraude les personnages dans cette seconde partie au rythme plus rapide est quasi palpable et révèle les attitudes parfois « suicidaires » des protagonistes. Lom’Pa boit de plus belle, Jaroslaw couche avec tout ce qui bouge au risque de mettre enceinte une jeune fille et la douleur abdominale de Bella Rossa (une balle perdue fichée dans son ventre) se manifeste régulièrement. Les repères sont pulvérisés, l’espoir d’une existence meilleure est quasi nul. L’idée de la folie n’est jamais loin, incarnée par la figure d’un gourou, maître des illusions (qui n’est pas sans rappeler les télé-évangélistes) que les voyageurs croisent sur leur chemin et qui les abuse. La présence de villes fantomatiques abandonnées par les chercheurs d’or est symptomatique d’une possible entrevue du trio avec la mort. « En passant les montagnes, c’était ça qu’ils avaient trouvé : le monde à l’envers. » Un monde inversé qui livre Lom’Pa, Jaroslaw et Bella Rossa définitivement à eux-mêmes, sans Dieu ni maître sinon l’infime espoir pour Bella Rossa de retrouver une mère qu’elle n’a jamais connue.
Cette quête identitaire sauvera définitivement Bella Rossa et les deux hommes par ricochet, les délivrant de secrets trop lourds à porter désormais, de la douleur de l’abandon que chacun portait en lui comme une honte.
Dans Pépites, le mythe nourrit la texture du récit. La quête identitaire est envisagée dans une perspective individuelle et personnelle mais elle trouve aussi sa place dans le cadre plus large du contexte socio-culturel et du récit légendaire.
Anne-Laure Bondoux prouve une fois de plus avec ce roman que la littérature reste par excellence le lieu du questionnement humain.

Pépites
Anne-Laure
Bondoux
Bayard Jeunesse,
« Millézime »
351 pages, 11,90

À la conquête de soi Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°68 , novembre 2005.
LMDA papier n°68
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LMDA PDF n°68
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