Comme les doigts de la main est un roman sur l’attachement, sur ce qui fonde l’histoire de la vie de deux adolescents, Chloé et Antoine. Depuis la mort par accident de leurs pères respectifs, ils souffrent, leurs corps souffrent et leur histoire est atteinte. Quelque chose est cassé à l’intérieur de leurs corps et qu’il faut réparer, le temps d’une nuit dans un hôpital. C’est sur ce fil ténu que va se dérouler le roman. Les deux adolescents vivent avec souffrance la dualité de l’attachement vital au père et l’expérience de la rupture absolue par la mort. L’alternance des deux voix d’Antoine et de Chloé qui structure le roman renforce l’idée de fragmentation, d’atomisation dans l’espace de ces deux êtres qui finiront tout de même par se rencontrer. Leurs corps s’attachent et se détachent dans un acte d’amour. Les deux personnages s’exposent de nouveau à l’expérience de la perte possible. À l’angoisse de la mort succède cette fois-ci la pulsion de vie.
Dans ce roman d’Olivier Adam, pas d’intrigue sinon des phrases qui renforcent la blancheur de la page, annulant le noir sur blanc qu’il nous est donné à voir. Blanc sur blanc, on ne voit rien que du blanc parfaitement blanc. De la neige, des couloirs d’hôpital, la peau nue de Chloé, des fantômes… Les phrases flottent ou glissent et s’effacent au fur et à mesure dans la lente progression du texte. Une dématérialisation s’opère sous les yeux du lecteur comme pour signifier les disparitions mais aussi faire place à de nouveaux attachements qui fondent le sens de la vie.
Comme les doigts de la main d’Olivier Adam
L’École des loisirs, « Médium », 126 pages, 8 €
Jeunesse Monochrome blanc
mars 2005 | Le Matricule des Anges n°61
| par
Malika Person
Un livre
Monochrome blanc
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°61
, mars 2005.