La Nouvelle Revue nantaise N°4

Tous affichaient des airs d’avant-garde : l’un portait une grosse canne (pour ressembler à Balzac), l’autre un pantalon moulant et la lèvre dédaigneuse, un troisième soignait son dandysme et maniait l’humour… Ils étaient quatre, nés entre 1895 et 1897, jeunes poètes en colère, anarchistes, unis par leur passion des arts et des lettres et qui rêvaient de démolir puis conquérir le monde. Réunis au Lycée de Nantes, Jean Sarment, Jacques Vaché, Eugène Hublet et Pierre Bisserié constituaient ce Groupe des Sârs, en quête d’un Esprit nouveau. Ils testèrent l’écriture automatique, les traits d’esprit, le coq à l’âne et les liqueurs rares. C’est cette aventure collective et « potachique », annonciatrice de lendemains subversifs que La Nouvelle revue nantaise retrace sous le titre « Jean Sarment, correspondances à l’aube du surréalisme » colligeant lettres, dessins, poèmes jusqu’à lors inédits. Le Groupe de Nantes naquit officiellement en février 1913 avec En route, mauvaise troupe…, journal polycopié « reproduit au moyen d’un système de gélatine fondue et refroidie » qui fit grand bruit… jusqu’à Paris. Puis créa une seconde revue Le Canard sauvage, avant que la guerre n’éclate. Hormis Sarment qui fit une très belle carrière au théâtre et qui ressuscita l’histoire éphémère du mouvement par ses écrits, le reste de la bande connut la tragédie. Sur le front de Somme (Hublet), d’une surdose d’opium (Vaché), ou d’une mort mystérieuse (Bisserié).
La Nouvelle revue nantaise N°4, 222 pages, 30 € (Éditions MeMo)