Une courte nouvelle en vérité que ce « conte » aux accents autobiographiques de l’illustre écrivain brésilien Machado de Assis (1839-1908), une nouvelle « amorale » signalons-le, un foudroyant réquisitoire contre… l’école. Dans un texte aux effets d’ondulations et de spirales, l’auteur mène ses phrases selon une logique insolite créant un suspense continuel dans une histoire dépourvue d’intrigue, mettant en cause l’institution scolaire en la désignant comme un lieu de tous les possibles, du pire surtout. L’enfant Pilar y découvre la tyrannie, la corruption et le mensonge. Le jeune garçon sortira de cette histoire convaincu que l’école n’est pas une ouverture sur le monde, lui donnant mille raisons de faire son école buissonnière, la seule qui vaille. Si le texte (bilingue) est ironique de bout en bout, les illustrations facilitent habilement la lecture du jeune lecteur peu prompt au second degré, lui permettant ainsi de comprendre ce que sous-tend cette histoire, relatée par Pilar, en montrant graphiquement sa dimension tragique. Par des effets d’images déformées, étirées, tantôt détourées, tantôt pleine page et aussi des contre-plongées et plongées qui révèlent des points de vue vertigineux, des couleurs aux tons chauds (rouge, brun), l’illustrateur Nelson Cruz dévoile le sentiment de malaise, de suffocation qu’évoque l’espace clos de la classe et la terreur que sèment les adultes ne laissant aux enfants que le choix de l’enfermement mental. Les pères et l’enseignant apparaissent ainsi dans la splendeur de leur sadisme, représentés dans des postures désavantageuses, qui donnant une fessée déculottée, qui hurlant. Un petit livre retentissant !
Le Conte de l’école de Machado de Assis
Illust. de Nelson Cruz, Chandeigne, 47 pages, 13 €
Jeunesse Le compte est bon
octobre 2004 | Le Matricule des Anges n°57
| par
Malika Person
Un livre
Le compte est bon
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°57
, octobre 2004.