Éclats d’histoire
Editions Actes Sud
Un portrait de la photographie tiré des fonds de l’Institut de France.
Sous-titré « Les collections photographiques de l’Institut de France 1839-1918 », Éclats d’histoire est un livre-somme impossible : il ne s’agit que de collections liées à cet institut. Et pourtant, on voit comment dès son apparition la photographie est autant un lieu d’expérimentations qu’un outil génial pour appréhender de manière nouvelle tous types de territoires. Ce très beau livre dessine à sa manière un portrait de la photographie à travers cinq académies : Académie française, Académie des inscriptions et des belles lettres, Académie des sciences, Académie des beaux-arts, Académie des sciences morales et politiques. Le monde devient un lieu de voyage parfois fixe, puisque avec la science ce sont les profondeurs mêmes du corps humain qui sont sondées : visages des fous, organes, microbes. Des anonymes inspirés côtoient dans ces recherches multiples des artistes de renom : Edouard Denis Baldus, les frères Bisson, Maxime du Camp, Roger Fenton, John B. Greene, Nadar, Joseph Vigier, etc. L’ouvrage est passionnant car il montre combien l’image photographique, utile pour certains, artistique pour d’autres, devient un art à part entière, où le regard fait place à la vision, l’observation à la révélation. L’ensemble crée du coup une sorte d’ivresse puisque nous assistons à la naissance de cet art avec le plaisir du voyeur et celui du découvreur mêlés : visages contorsionnés des « énervés » dans les hôpitaux, métiers du Moyen-Orient, assemblée mondaine ou autochtone perché sur un sphynx composent une sorte de peuplade fantastique dans des tons noirs et blancs, qui virent parfois au sépia avec une nostalgie qui est propre aux choses révolues.
Éclats d’histoire Collectif Actes Sud/Institut de France, 318 pages, 59 €