Toute la bête en lui tempêtait et souhaitait le tapis, mais une petite voix humaine, orgueilleuse, domina ce désordre et commanda de faire front« , c’est dans des phrases de ce genre qu’un grand intellectuel de l’entre-deux-guerres rend un hommage au sport encore pensé, de manière aristocratique et classique, comme valeur, recherche de beauté et de maîtrise de soi. Ami avec chaque muscle et frère de ses organes, Jean Prévost le magnifique se plaît à évoquer, dans une belle langue calme, la »puissance de tournoiement du torse" et tout se qui fait la sève profonde des verbes frapper, lancer, courir, sauter, endurer, obéir. De petits essais vifs et merveilleusement ciselés font la monographie de chaque sport en forme de poème en prose, célébrant avec un art consommé de la brièveté et de la formule la vitesse du coureur et l’élan du lanceur, la fatigue du boxeur et la joie du vainqueur. Il n’y avait bien qu’un normalien digne de ce nom pour rendre tout cette pensée ardente et riche de la confrontation du corps au corps, il y fallait bien l’effort de cet humaniste qui tenait la plume avec tout le ressenti de ses muscles pour ainsi exalter la vie, le mouvement et le jeu.
Plaisirs des sports
Jean Prévost
La Table ronde - 184 pages, 8,5 €
Histoire littéraire Plaisirs des sports
juillet 2003 | Le Matricule des Anges n°45
| par
Ludovic Bablon
Un livre
Plaisirs des sports
Par
Ludovic Bablon
Le Matricule des Anges n°45
, juillet 2003.