Réunir à une même table des revues aussi antagonistes que Ligne de risque et Perpendiculaire, c’est prendre rendez-vous avec la polémique. Surtout lorsque s’y ajoutent Ralentir travaux et Hespéris qui ne rechignent pas à cet exercice.
À chaque livraison, Ligne de risque créée en 1997 par François Meyronnis et Yannick Haenel prend le ton du manifeste. Contre la littérature d’aujourd’hui, contre « l’ombilical ». Et pour Bernard Lamarche-Vadel, élu père spirituel et héros moderne ou Philippe Sollers (ça peut servir). Perpendiculaire représentée par Jacques-François Marchandise a cessé de paraître en septembre dernier, après qu’elle a été virée par son éditeur Flammarion pour crime de lèse-Houellebecq. Avant cela, la revue très médiatisée avait proposé des textes de création où se fait jour une esthétique moderne de la parole à partir du quotidien le plus banal, des entretiens (Autin-Grenier, Salvayre) un feuilleton à plusieurs voix, etc. Retour prévu en octobre prochain. Hespéris, créée en 1998 par Pierre Jourde mêle textes de création, textes plus théoriques et critiques au vitriol (notamment contre le Méroé d’Olivier Rolin dans le N°3). Ralentir travaux, animée par le romancier et poète Bernard Desportes propose à chaque livraison un dossier-hommage, des textes de création et de la critique sans fard. Durant le débat qui inaugurait Revues en vue à Besançon, les piques, attaques frontales et autres moqueries se ramassaient à la pelle. Extraits d’un débat sur les raisons qui président à la naissance d’une revue
Il semblerait pour la plupart d’entre vous, que votre désir de faire une revue soit lié à un rejet, parfois virulent, du paysage littéraire actuel. Qu’en est-il ?
Ligne de risque - François Meyronnis : À la fin des années 70 il y a eu un verrouillage marchand, une recomposition du monde littéraire, une réacclimatation du roman psychologique mais sur un mode falsifié, auquel personne ne croit. Il y a une fausse actualité littéraire. Au fond il n’y a pas d’autre sociabilité littéraire que ce mensonge-là. Pour nous une revue c’est le moyen de résister à cet état de fait.
Perpendiculaire - Jacques-François Marchandise : On a l’impression qu’il y a un filtre, celui de l’édition, de la diffusion, de la promotion qui empêche de passer certaines choses, non pas pour leur audace formelle mais plutôt sur le mode de « on ne sait pas où ranger ce que vous faites ». Il faut se demander ce qu’est et ce que peut être la littérature maintenant. Est-ce que par hasard ce n’est pas une lecture du réel ? Est-ce qu’il n’y a pas chez les écrivains intéressants aujourd’hui une façon d’inventer du langage à partir du langage qui se produit ?
Ralentir travaux - Bernard Desportes : La société nous livre une réalité d’apparence et l’écriture tend à s’inscrire, contre, en contre, à paraître comme un intrus dans cette société d’apparence pour essayer d’appréhender le réel. Mais il y a une perte de confiance parce...
Revue Revues d’effectifs
Durant trois jours à Besançon en juin dernier, une trentaine de revues se sont retrouvées à l’invitation du Centre régional du Livre de Franche-Comté.Extraits de trois des six débats qui s’y sont déroulés (la suite dans le prochain numéro). Prises de paroles.