La vie domestique est autant une affirmation de soi, un espace à conquérir qu’un lieu d’enfermement. C’est autour de ce thème que L’Animal a convié une douzaine d’écrivains. Le très oublié Charles-Albert Cingria évoque dans un exercice de haute-voltige les housses de sièges, ses animaux préférés ou le meilleur tabac à fumer. Dans un très beau texte sur son enfance, Pierre Bergounioux parle de cette « aversion » pour ces femmes « à l’âme de chiffon et aux voix d’oiseau » qui l’ont éloigné si tôt « des fastes du dehors et le dais du ciel, notre demeure dans la création ». Un vrai délice également les notes désabusées de Jean-Luc Sarré (« J’arrose les fleurs, ça me désaltère »), un poème à plat d’Antoine Emaz autour d’une toile cirée (« tout ce qui revient sans besoin mais appelle comme s’il y avait à comprendre quelque chose dans ce retour ») ou quelques lettres de cachot du révolutionnaire Louis-Sébastien Mercier pour qui l’évocation de la vie privée adoucissait la peine. Ce numéro est un dépaysement fort réussi autour de l’immobilisme.
L’Animal N°6 112 pages - 100 FF
(2, rue Georges de La Tour 57070 Metz)
Revue L’Animal
janvier 1999 | Le Matricule des Anges n°25
| par
Philippe Savary
Un livre
L’Animal
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°25
, janvier 1999.