L’honnête Fille et La bonne Epouse forment une suite théâtrale. Mais à l’optimisme de la première pièce succède une vision plus sombre de la nature humaine.
Dans L’honnête Fille, Bettina est l’objet de convoitise de beaucoup d’indésirables. Mais c’est Pasqualino qu’elle aime. Pour se sortir de toutes les épreuves, Bettina s’impose une ligne de conduite très ferme tirée de son éducation : « Plutôt mourir que de perdre l’honneur ». Avec Bettina, Goldoni de retour à Venise après cinq ans d’absence, fait un plaidoyer pour sa ville, alors synonyme de femmes faciles et de mauvais garçons. Il s’attache à en décrire l’effervescence, la vie dans les rues, la cohabitation entre les classes sociales. Cette description de la vie qui tient du reportage, est l’un des grands atouts de la pièce.
Bettina épousera Pasqualino : happy end. Nous la retrouvons dans La bonne Épouse mariée et maman, deux ans plus tard. Son mari vient de découcher, attiré par Lélio qui lui fait connaître les prostituées, les tripots… Goldoni examine les effets du temps sur chacun des personnages. Tout s’est dégradé. La misère, la faim, la violence règnent. C’est la perte de la jeunesse et des illusions. La vie est moins simple mais c’est dans cette complexité que les personnages, déchirés, atteignent une plus grande humanité.
Ces pièces seront mises en scène sous le titre de Bettina par J.-C. Berutti dans une co-production du T.N.S. et du Théâtre National de Belgique, dès janvier à Strasbourg.
L’honnête Fille
et La bonne Épouse
Carlo Goldoni
Traductions de Ginette Herry
L’Arche
Respectivement 192 pages
89 FF et 176 pages, 85 FF
Théâtre Les méfaits du temps
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°1
Des livres
Les méfaits du temps
Le Matricule des Anges n°1
, novembre 1992.