RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Un auteur
Le philosophe floral
Saint-simonien mais romantique, ouvrier mais philosophe, l’utopiste Gabriel Gauny savait prendre le temps de poétiser la nature.
Menuisier et philosophe. Gabriel Gauny a parfaitement représenté le type de l’ouvrier fasciné par l’écriture tel qu’on en rencontre souvent. Et en particulier chez les travailleurs du bois. Comme dans le fameux tableau de Caillebotte, il travaillait à genou puisqu’il était menuisier parqueteur et partageait cette soif, cette rage d’écrire, qui nous a valu récemment la découverte étonnante dans un château de l’Isère où le revers des planchers portait les écrits cachés du menuisier de l’époque (J.-O. Boudon, Le Plancher de Joachim, histoire enfouie d’un village français, Belin, 2017)....
Un auteur
Parisot l’activiste
Réputé chez les anglophiles et les amateurs du romantisme allemand, Henri Parisot fut un traducteur exceptionnel doublé d’un militant passionné.
C’est un marin très vieux :/ Avisant trois passants, il arrête l’un d’eux ». Les vers introductifs du Dit du vieux marin de S. T. Coleridge sont inoubliables. La version livrée par Henri Parisot en 1948 a bénéficié de plusieurs éditions mais elle atteindra au chef-d’œuvre lorsqu’en 1966, le Club Français du Livre l’orne des gravures fabuleuses de Gustave Doré. Henri Parisot a alors trente ans...
Un auteur
André Armandy, aventurier tout terrain
Il s’est distingué dans le roman d’aventure, d’espionnage, policier, fantastique, le livre de voyage et de chasse au gibier migrateur. De par l’étendue des territoires visités, André Armandy (1882-1958) mérite d’être réédité.
Comme Pierre Benoit et Maurice Dekobra, André Armandy, de son vrai nom André Albert d’Aguilard, s’adressait à un large public. Son œuvre multiforme comprend bon nombre de réussites. Encore faut-il pour l’apprécier être sensible à la qualité du style, aimer les métaphores et admettre qu’une forme d’écriture dite « traditionnelle » possède un charme qui serait l’équivalent du monde joyeux,...
Un auteur
Marie Borrely ou la fable géorgique
Institutrice, Maria Borrély (1890-1963) a porté un regard empathique sur les êtres et le monde. Saluée par Gide et Giono, son oeuvre compose une fresque rustique dépouillée où le fantastique le partage au tragique.
Connue à l’égal de son contemporain et ami Jean Giono dans les Alpes-de-Haute-Provence, le renom de Maria Borrély s’estompe dès qu’on s’écarte un tant soit peu de l’épicentre dignois. Maria Brunel est née le 16 octobre 1890 à Marseille. Elle passe les vingt premières années de sa vie à Aix-en-Provence, puis à Mane. Toute fraîche émoulue de l’École normale d’institutrice de Digne, elle épouse...
Un auteur
Les chemins sinueux d’un étrange mandarin
René-Louis Doyon fut un extravagant lettré. Éditeur failli, critique mordant mais érudit, il laisse une oeuvre parfois brouillonne dont le style chantourné est inoubliable. Il meurt en 1966, après une chute. Parcours exemplaire.
Le cas de René-Louis Doyon est exemplaire du paradoxe des ratés qui oeuvrent comme des forcenés, avec talent parfois, sans jamais infléchir le destin. Né le 2 novembre 1885 à Blida (Algérie), Doyon fut lucide cependant et s’est peint en « candidat parfait aux épaves ». (Géronte aux assises, 1932). Esprit curieux et vigoureusement non-conformiste, il se déclare battu mais, bretteur, ne sait...