La rédaction Eric Bonnargent
Articles
La nuit de l'exil
Avec ce premier roman, Alain Giorgetti donne corps au grand drame d’aujourd’hui : celui des migrants.
Je me demande ce qui est en train d’arriver à l’humanité. » Placée en exergue, cette phrase est signée Ozan Köse, le photographe qui a découvert sur une plage turque le corps d’Aylan, ce petit Syrien âgé de 3 ans, mort noyé suite au naufrage du navire qui devait l’amener, lui et sa famille, en Grèce. C’est dans la même position, sur le ventre, face à la mer, que nous trouvons Adèm dans les premières pages du roman ; des pages dont la poésie rend plus poignante encore la situation : « Ma colonne vertébrale est un morceau de marbre. J’ai cette horrible impression d’être cloué au sol, de...
Pessoa & co
En 1915 sortent les deux premiers numéros d’une revue créée par Fernando Pessoa et Mário de Sá-Caneiro : Orpheu. Le succès et le scandale sont immédiats : « On nous montre du doigt dans la rue, écrit Pessoa, et tout le monde – même ceux qui ne s’intéressent pas à la littérature – parle d’Orpheu. » Empêtrés dans des problèmes financiers, les deux amis retardent la sortie du numéro suivant....
Ethique du mikado de Sarah Chiche
Cet essai (suivi d’un entretien avec le réalisateur) n’est pas seulement un livre sur le travail de Michael Haneke que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de pervers. Bien entendu, Sarah Chiche analyse sa manière de monter les films, de diriger ses acteurs, de fragmenter la narration, etc., mais elle en profite pour s’interroger sur « une civilisation où les distinctions classiques entre les...
Retour au pays natal
Percutant, le premier roman d’Alexandre Civico est une sombre méditation sur l’immigration, la langue et la famille.
Au volant d’une berline allemande dont le coffre est encombré d’un mystérieux paquet, un homme quitte Paris en direction de l’Espagne, une terre que son propre père avait quittée plusieurs dizaines d’années auparavant. En conduisant, il revisite son histoire familiale, pense à ce père qui après s’être accommodé tant bien que mal du fascisme a finalement émigré pour des raisons plus...
Sortie de boîte de Jean-Christophe Millois
Après Les Beaux Jours (L’Olivier, 2003), Jean-Christophe Millois publie une longue nouvelle d’une soixantaine de pages. Autant le dire tout de suite : avec cette Sortie de boîte, Millois s’inscrit dans la lignée des grands nouvellistes américains. Comme ses illustres devanciers, son écriture dépouillée mais d’une précision d’orfèvre est au service d’une intensité dramatique qui n’a nul besoin...