La rédaction Christine Plantec
Articles
À cheval échappé
Au bout de la langue est une cavalcade joyeuse et érudite au pays de la langue, « un parquet flottant sur lequel s’embarquer à plusieurs ».
Traducteur, essayiste et poète, Martin Rueff explore dans cet opus la question de la langue et soutient la gageure d’aller jusqu’ « au bout de » celle-ci moins pour en venir à bout que pour se donner l’occasion de déambuler dans l’immense étendue de la question, à la manière d’un Montaigne, d’un domaine à l’autre du savoir et dans une sorte de savoureuse indiscipline. D’emblée, Rueff nous plonge dans la particularité sémantique du mot langue en précisant que la polysémie du terme ne doit pas occulter une autre spécificité qui est que le rapport entre les différentes acceptions du mot est...
Décoiffant désordre
Premier roman étonnant de maîtrise, d’érudition et d’humour, Sauve qui peut (la révolution) de Thierry Froger nous emporte dans un dédale tout borgésien en s’appuyant sur deux figures historiques : Godard et Danton.
Le mardi 21 juin 1988, Jean-Noël de Jeannerey, président de la Mission du Bicentenaire de la Révolution française, appela JLG qui n’était pas là » pour lui proposer de réaliser un film sur la Révolution française. Tout commence par un ratage et par une contrevérité car si le 21 juin 1988 est bien un mardi, si le haut-fonctionnaire a bien été président de la Mission, la biographie de Godard...
Vie auprès du courant de Tarjei Vesaas
En octobre 1970 paraît à Oslo Vie auprès du courant. Texte posthume, Tarjei Vesaas en corrigea les épreuves depuis sa chambre d’hôpital. Auteur d’une œuvre plurielle, l’écrivain norvégien s’est surtout distingué en tant que romancier (Les Oiseaux, La Barque le soir) et nouvelliste. C’est néanmoins par la voie de la poésie qu’il décide d’approcher le moment crépusculaire du grand départ. ...
Exercice d’absence
Sous le signe de la disparition, La Finitude des corps simples de Claude Royet-Journoud persiste dans la voie sèche.
En quatrième de couverture, on peut lire cette phrase : « C’est pourquoi à la question : à quoi sert le langage ? N’a qu’une réponse : A vivre. » Il s’agit d’une citation du linguiste Émile Benveniste dont les dernières années de sa vie furent marquées d’aphasie. Or c’est peut-être sous l’angle de ce terrible paradoxe qu’on peut tenter d’approcher La Finitude des corps simples. Le langage,...
Défragmentation massive
Depuis plus de vingt ans, Olivier Domerg explore le paysage, tente de le cerner sans jamais l’enclore. Le Temps fait rage en est une nouvelle variation. Une expérience épiphanique.
Difficile de mettre en mots cette forme, de mettre des mots sur cette forme, à la fois massive, intangible, spectaculaire, et, dans le même temps, extrêmement complexe, torturée, déstructurée, dans son mouvement ou dessin principal. le temps fait rage, l’expression aussi. » Cette forme magnétique et insaisissable, c’est la Sainte-Victoire et Domerg est pris d’une rage à tenter –...