éditions Fario
Ouvrages chroniqués
Un dénuement : Arthur Adamov
de
Gilles Ortlieb
2019
Aux dernières nouvelles (Ângelo, Finitude), Gilles Ortlieb marchait à Lisbonne dans les traces du poète Ângelo de Lima (1872-1921). On le retrouve aujourd’hui pour une nouvelle filature. Cette fois, il met ses pas dans ceux d’Arthur Adamov (1908-1970), le moins connu du trio – « troïka », dira l’intéressé – du théâtre de l’absurde qu’il forme avec môsieur Ionesco et mister Beckett. Des trois, l’écrivain d’origine russo-arménienne est sinon le plus mal aimé, en tout cas le plus méconnu. Et c’est injustice pour Ortlieb, qui s’est donc mis en tête de remettre ce nom dans les têtes....
Du flou sur les causes
de
Marlène Soreda
2013
C’est un titre délicat, comme l’art de cette femme qui fait revivre en six chapitres intitulés comme des récits indépendants différents moments de son existence. Marlène Soreda avait publié en 1999 un roman chez Exils, Adelia ou l’égarement qui nous a échappé. Nous ne pouvons donc rien en dire, si ce n’est qu’il est aussi question avec Du flou sur les causes d’autres égarements peut-être, d’autres amusements sans doute, d’une vie relue depuis son point de bifurcation, l’exil, et d’une constante interrogation sur cette langue de l’émerveillement qui était celle de l’enfance auprès de la...
Petit enfer de Turin
de
Guido Ceronetti
2018
Je ne pourrais prétendre qu’à un seul titre : celui de Piéton de Turin », affirme Guido Ceronetti en se souvenant (forcément) de Léon-Paul Fargue. Il pratique la flânerie (en français dans le texte, forcément) « pour le plaisir de marcher », mais aussi celui « de piller des maisons, des fenêtres, des dépôts invisibles de sensations ». Il est un peu un collecteur de ruines, aimant en tout cas ce qui d’une manière ou d’une autre porte les traces du passage du temps, une certaine nostalgie, parfois légèrement amère, le plus souvent humoristique, car « l’ultime ramification de la sensibilité...
Les Saisons secrètes
de
Madeleine Barthes
2020
Pédagogue engagée, Madeleine Barthes a consigné dans une paire de carnets quelques souvenirs et sensations.
Avec un prénom tellement proustien et un patronyme qui n’est pas sans rappeler telle éminente figure, Madeleine Barthes va prendre naturellement sa place dans la bibliographie du siècle dernier. Elle se rangera d’elle-même dans la catégorie des simples et des discrets, aux côtés d’Estella Canzani, par exemple, parmi tous ces écrivains qui naissent sans l’être et le deviennent par hasard, parce qu’un cahot du chemin leur a mis un crayon dans les mains. Madeleine Barthes aurait du reste pu ne jamais le devenir, écrivain. Elle écrivait, voilà tout, et rien n’annonçait que la pitié filiale et...
L’art n’efface pas la perte. Il lui répond » (entretiens 1984-2015)
de
Jean-Paul Michel
2016
En n’admettant comme juge d’art que la vie vivante, « le cru des choses / leur or », Jean-Paul Michel resacralise la poésie tout en incitant à fonder à neuf le champ du vivable.
Une passion, une bonté, une innocence énorme doublée d’une implacable acuité brûlent les pages de « L’art n’efface pas la perte. Il lui répond ». Regroupant une vingtaine d’entretiens réalisés entre 1984 et 2015, il donne à lire les fruits d’une méditation de plus de quarante ans sur les conditions de possibilité de cet acte qu’est le poème appréhendé « dans sa radicalité et son dénuement ». C’est que Jean-Paul Michel est un poète qui ne peut séparer la poésie de la pensée. Considérant lucidement ce qu’il en est du réel – sa part terrible comme ce qu’il a d’inconnaissable – et avouant son...