auteur Raymond Carver
A propos
Vertige de l'ordinaire
Comme on l’a vu récemment dans Birdman (ou la surprenante vertu de l’ignorance), Carver est devenu une sorte d’emblème du tragique inscrit dans le quotidien. Le film d’Alejandro González Iñárritu nous montre un Carver d’un réalisme excessivement sombre, sorte d’antidote aux fastes éphémères et illusoires du spectacle hollywoodien, et donne l’occasion de revenir sur le rôle de la banalité quotidienne dans une œuvre désormais reconnue comme « classique ». Ses récits sont en effet ancrés dans la vie quotidienne des années 70 et 80, où le chômeur alcoolique côtoie le représentant de commerce...
Le bonheur, désespérément
Quel est le sujet (l’obsession) de Carver ? Si on puise dans les idées simplificatrices, on trouvera le malheur. Non pas le malheur métaphysique de notre finitude et de notre déréliction, mais les emmerdements du quotidien, le malheur banal, que Carver nous ferait voir de plus près, avec ses variétés et ses nuances. Or plus je le lis et plus je crois que son grand sujet est au contraire le...
Entrer, s’attarder
On cite souvent les mots de Carver, en forme de mantra, qui se trouvent dans le recueil Les Feux : « Entrer, sortir. Ne pas s’attarder. » (Get in, get out. Don’t linger.) Parce qu’ils figurent au début d’un essai intitulé De l’écriture, on a vite fait d’y voir une règle qu’il se donnait à lui-même, une formule qui décrit à merveille son art de nouvelliste.
Ce portrait de Carver en artiste du...
Ouvrage chroniqué
Poésie, Œuvres complètes, vol. 9
de
Raymond Carver
2015
Le dernier volume des Œuvres complètes de Carver, rassemblant ses trois livres de poésie, permet de comprendre d’où viennent l’ultra sobriété et la concentration qu’on reconnaît à ses nouvelles.
En 1984, alors que son dernier recueil de nouvelles, Les Vitamines du bonheur, lui permet d’atteindre une reconnaissance inédite dans sa carrière, et de vivre enfin de ses droits d’auteur, Carver cesse d’écrire de la fiction (il y reviendra avec Les trois roses jaunes), au grand dam de son agent et de son éditeur. Ce mouvement de détour, ou d’embardée, pour reprendre un terme nautique, n’avait rien d’arrogant. Carver revenait plutôt vers une forme à laquelle il s’était essayé dans les années 60, publiant d’abord en revue, puis un ensemble de deux volumes (Near Klamath et Winter Insomnia)....