auteur Oliver Rohe
A propos
Né sous blitz
Trilingue dès l’enfance, mais orphelin de langue maternelle, Oliver Rohe a fait d’un défaut d’origine le socle d’une pensée sans cesse en mouvement. De Beyrouth à Berlin, itinéraire d’un homme pluriel.
Longtemps, il aurait fallu se lever de bonne heure pour entendre Oliver Rohe évoquer sa biographie. Si son premier et impeccable roman, Défaut d’origine posait d’emblée une problématique de l’origine, son auteur refusait de dévoiler où se passait la guerre civile dont il était question dans le livre. La création d’un ministère de l’identité nationale a dû lui apparaître comme une absurdité ubuesque et terrifiante. Cette réticence à parler de sa vie n’est pas affaire de coquetterie. L’homme a de bonnes raisons et, en ce jour d’ouverture du Salon du livre de Paris, on avance timidement nos...
Palimpseste armé
Si Ma dernière création est un piège à taupes n’a pas la même ambition qu’Un peuple en petit, le précédent roman d’Oliver Rohe, du moins marque-t-il un tournant dans l’œuvre du romancier. Tiré d’une pièce radiophonique, Ma dernière création… mêle trois textes en un seul. On a d’abord l’histoire de Mikhaïl Kalachnikov, paysan soviétique, déporté avec sa famille en Sibérie au lendemain de la...
La part commune
Si son œuvre change de style de livre en livre, du moins revient-elle avec constance sur l’inanité du concept d’identité, le refus de l’enfermement et de l’immobilisme, la quête d’une libération dans le collectif. Une pensée en mouvement.
C’est dans une étroite cuisine de l’appartement parisien où il est hébergé qu’Oliver Rohe évoque les lignes de force d’une œuvre en perpétuel devenir. La voix posée, l’écrivain est vif à répondre, à préciser un terme, évoquer un autre écrivain et l’on se dit qu’on avance sur un terrain arpenté mille fois par la réflexion. D’ailleurs, notre hôte usera en préambule à chaque réponse d’un...
Ouvrages chroniqués
Boulevard de Yougoslavie
de
Arno Bertina
,
Mathieu Larnaudie
,
Oliver Rohe
2021
Le nouvel opus des éditions Inculte nous entraîne au cœur d’un projet de rénovation urbaine devenu plus collectif que prévu. Récit allegro et à trois mains des aléas d’une aventure rennaise.
Ce sont d’autres cervelles que les nôtres qui ont pensé les lieux que nous habitons. » : c’est à Nicole Pierre, l’une des « tricoteuses » du quartier et l’une des voix de Boulevard de Yougoslavie qu’il revient d’énoncer cette vérité que nous avons, hélas, maintes occasions d’éprouver. C’est une des raisons pour lesquelles, lorsque le maire leur présente son projet de rénovation clés en main, les habitants du Blosne se rebiffent. Le Blosne ? Des immeubles en « îlot » (comme les élèves tels que les rêvent les inspecteurs et les formateurs de l’Éducation nationale), un centre commercial...
Un peuple en petit
de
Oliver Rohe
2009
Oliver Rohe orchestre avec virtuosité un trio de voix prisonnières de leur solitude. Trois univers différents pour laisser affleurer, peut-être, une même humanité.
Trois personnages viennent en alternance happer le lecteur de ce cinquième livre d’Oliver Rohe. Ou plutôt trois voix dont on pourra se demander si, au final, elles ne sont pas chacune une facette d’un seul démiurge : l’écrivain lui-même. Trois voix aux registres et aux tons très différenciés, presque à l’opposé les unes des autres, comme si un exercice de style avait présidé à leur naissance. La première qui ouvre le livre est celle d’un acteur de Bochum au sortir d’une représentation de Richard III. Son phrasé est assez proche de celui qu’on trouve dans le premier (et très beau) livre de...