auteur Louis-René Des Forets
A propos
L'enfant devenu littérateur
En musicien prisonnier des mots, Louis-René des Forêts (1916-2000) traque la part d’informulable et d’immémorable qui est au cœur de la parole et de toute écriture. Une œuvre rare (roman, récit, poésie, autobiographie) rassemblée aujourd’hui en Quarto.
Parmi les œuvres qui suscitent une ferveur secrète, voire une fascination, celle de Louis-René des Forêts, par la façon dont elle touche aux fondements mêmes de l’acte d’écrire, et par la manière dont elle met en doute l’interprétation que constitue toute lecture, a exercé, et continue d’exercer, une influence majeure sur la littérature de notre temps. Maurice Blanchot, Yves Bonnefoy, Pierre Klossowski, Edmond Jabès, Pascal Quignard, Gérard Macé, Pierre Michon, Richard Millet, tous ont souligné le déploiement d’une prose spéculative sans rivale dans la littérature du siècle passé. Fruit...
Bibliographie
• Les Mendiants (roman), Gallimard, 1943, édition définitive, 1986
• Le Bavard (récit), Gallimard, 1946 ; L’Imaginaire, 1979
• La Chambre des enfants (récits), Gallimard, 1960 ; L’Imaginaire, 1983
• Les Mégères de la mer (poème), Mercure de France, 1967, nouvelle édition, 1999 ; suivi de Poèmes de Samuel Wood, Poésie/Gallimard, 2008
• Un malade en forêt (récit), Fata Morgana, 1985
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Hommage
L’autre temps de l’écriture
Le plus souvent, il m’attendait, la porte entrebâillée, si tôt que je lui annonçais mon arrivée par l’interphone. Si j’avais gravi les étages plus rapidement qu’il le prévoyait, j’entendais du palier le glissement de ses pas, et les coups réguliers de sa canne sur le plancher. À sa suite, puis seul quand je trouvais la porte mystérieusement ouverte,...
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Ouvrages chroniqués
Les Mégères de la mer (suivi de) Poèmes de Samuel Wood
de
Louis-René Des Forets
2008
Travaillée par le combat contre la médiation impure des mots et toutes les formes de leurre, la poésie de Louis-René des Forêts rend justice au chant autant qu’au silence.
Mince en volume mais pleinement efficiente, l’œuvre poétique de Louis-René des Forêts (1918-2000) tient en deux recueils ne totalisant pas plus d’une soixantaine de pages. Publié en 1967 au Mercure de France, Les Mégères de la mer est un long poème divisé en laisses irrégulières. Près de 300 vers au phrasé d’une ampleur rare - le vers de 13 à 17 pieds excédant largement l’alexandrin. Un poème épique mêlant l’évocation à l’incantation, mû par une fureur sourde, et porté par le rythme obsédant du sabbat des vagues. Une langue à déclamer, à savourer dans sa véhémence comme dans sa richesse...
Pas à pas jusqu’au dernier
de
Louis-René Des Forets
2001
Les derniers fragments d’un Louis-René des Forêts aux abois, "sous le coup de la décharge meurtrière qui va lui couper le souffle". Seule la mort imposera le silence.
On retrouve ici la formule du précédent texte de des Forêts : « Le moi réduit à l’état de fragments, parlant sur un mode aussi impersonnel qu’il se peut ». Se succèdent ainsi de brefs développements -qui se font d’ailleurs de plus en plus brefs et nerveux, comme les élancements d’une douleur- dans lesquels règne en maître la troisième personne, parfois contrariée par la violence d’une prise à partie (« Allons réveille-toi, secoue ta vieille carcasse et debout sans tarder »). Les deux ouvrages ne peuvent cependant être confondus : si Ostinato mêlait diverses réminiscences (enfance, guerre,...
Ostinato
de
Louis-René Des Forets
Ostinato est paru en février de cette année, plus de vingt ans après sa mise en chantier. Mais une note nous informe qu’il ne s’agit là que « des éléments épars d’un ouvrage en cours, son état excluant toute possibilité d’organisation et sa nature même la perspective d’un aboutissement ». À presque quatre-vingts ans, l’auteur ne faillit pas à une exigence qui aura traversé tous ses livres. La certitude qu’on est « sans cesse à recommencer/ ce qu’on cherche et n’arrive jamais à saisir »*, imprègne la moindre phrase de cette œuvre murmurée, d’une extrême tension, laissant à chaque mot la...