auteur Juan José Saer
A propos
Dans une épaisse forêt vierge
L’écrivain argentin aura patiemment élaboré une œuvre romanesque aussi généreuse dans son ambition que radicale dans sa forme, faisant d’un petit morceau de province le centre d’une réalité insaisissable qu’il ne cessera d’observer avec incrédulité et fascination.
Il y a dans l’œuvre de Juan José Saer quelque chose de l’ordre d’un paysage immobile, comme si l’on s’arrêtait pour observer la surface miroitante d’un fleuve immense. Comme si l’on se perdait dans cette contemplation, dans ses détails toujours identiques et toujours renouvelés, en quête des rares bribes dont notre mémoire saurait ensuite garder la trace. Comme si l’espace pouvait se démultiplier dans le temps, s’y superposer. Cette immobilité est un trompe-l’œil, tout comme l’est la pampa désespérément plate qu’il décrit dans son roman Les Nuages (1997). À force de s’étendre à perte de...
Lauriers, nouvelle inédite de Juan José Saer
L’édition en Argentine des carnets de travail de Saer a permis la découverte de nombreux textes inédits, fragments de prose, citations, réflexions sur le métier d’écrivain, etc. Mais aussi de courtes nouvelles n’ayant pu trouver leur place dans les livres publiés de son vivant.
Il y a la chaîne incandescente des galaxies qui sont, semble-t-il, infinies, et dans l’une d’elles, vers le...
Perdus dans l’immensité
Deux rééditions de Saer montrent l’ampleur de sa poétique, que ce soit sous la forme d’un récit mythologique ou d’un essai digressif.
L’Ancêtre, roman-clé dans l’œuvre de Saer, part d’un fait réel : en l’an de grâce 1516, le navire de Juan Díaz de Solís, battant pavillon espagnol, débarque sur les rives du Río de la Plata. Le capitaine et ses hommes ont à peine le temps de mettre pied à terre qu’ils sont massacrés par une tribu cannibale. Seul en réchappe le mousse de 17 ans qui, captif, vivra avec les Indiens pendant dix...
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Ouvrages chroniqués
Les Nuages
de
Juan José Saer
2020
Le Tripode poursuit son travail de récupération d’un des grands écrivains argentins du XXe siècle avec cette nouvelle édition de Les Nuages, troisième et dernier des romans « historiques » de Juan José Saer, publié en 1997. Si l’on emploie ici les guillemets pour qualifier ce roman d’historique, c’est parce qu’il s’agit, comme souvent chez l’auteur, d’un récit « encadré » se présentant sous la forme d’un manuscrit découvert par l’un de ses personnages récurrents, une manière de déjouer les pièges de tout exercice de reconstitution du passé. Puisque tout roman, même ou surtout quand il est...
L' Enquête
de
Juan José Saer
2019
L’écriture virtuose de l’Argentin Juan José Saer sert d’écrin à un récit policier où s’agitent les forces brutes du réel et de l’inconscient.
Si ce roman de 1994 n’atteint pas les sommets de certaines des œuvres précédentes de Juan José Saer telles que Glose ou L’Ancêtre (toutes deux rééditées par Le Tripode, qui continue son travail salutaire de récupération d’un auteur essentiel des lettres argentines), ce texte n’en reste pas moins une belle démonstration de la profondeur de champ à laquelle la prose de l’écrivain du pays austral, à la fois virtuose et sensible, est capable d’accéder.
L’Enquête du titre est en réalité double, de même que les crimes atroces qui y sont commis pourraient bien avoir plus d’une explication. Il...

Lieu
de
Juan José Saer
2003
Plus de trente ans après sa parution, réédition du premier roman de Juan José Saer, qui s’attache à défricher "la forêt vierge du réel". Un recueil de nouvelles escorte cette redécouverte.
Resserré dans la prose garrottée d’une dépêche d’agence de presse, le fait divers se résumerait à cet énoncé pathétique : le dimanche 1er mai, au retour d’une chasse, un ouvrier métallurgiste argentin, Luis Fiore, a assassiné sa femme à coups de fusil dans une buvette. L’effroi et la pitié s’exhumeraient brièvement dans les colonnes d’une gazette, mais le sens secret de la chronique s’éteindrait à l’orée du roman, qui seul relève les empreintes des fantômes.
Enclenché par cet homicide, Cicatrices est l’un de ces livres qui répliquent aux arguments assénés par le réel. La narration...

Cicatrices
de
Juan José Saer
2003
Plus de trente ans après sa parution, réédition du premier roman de Juan José Saer, qui s’attache à défricher "la forêt vierge du réel". Un recueil de nouvelles escorte cette redécouverte.
Resserré dans la prose garrottée d’une dépêche d’agence de presse, le fait divers se résumerait à cet énoncé pathétique : le dimanche 1er mai, au retour d’une chasse, un ouvrier métallurgiste argentin, Luis Fiore, a assassiné sa femme à coups de fusil dans une buvette. L’effroi et la pitié s’exhumeraient brièvement dans les colonnes d’une gazette, mais le sens secret de la chronique s’éteindrait à l’orée du roman, qui seul relève les empreintes des fantômes.
Enclenché par cet homicide, Cicatrices est l’un de ces livres qui répliquent aux arguments assénés par le réel. La narration...
L' Enquête
de
Juan José Saer
1996
Sous couvert d’une histoire policière qui met en scène un commissaire confronté à un serial killer de vieilles dames, Juan José Saer a construit un roman étourdissant où, finalement, la seule enquête consiste à savoir ce qui est réalité et ce qui ne l’est pas. Ou plutôt, consiste à savoir ce qu’il y aurait de réel dans la fiction et de fictionnel dans la réalité. L’Argentin investit d’abord le XIe arrondissement parisien, cher à Pennac. C’est l’hiver, la neige menace, et le commissaire Morvan se plonge dans une longue méditation.Voilà neuf mois qu’un homme tue, viole, dépèce, charcute,...
L' Anniversaire
de
Juan José Saer
1995
Le 23 octobre 1961 à Santa Fe (Argentine), Angel Leto et le Mathématicien marchent de conserve dans la rue San Martin. L’un est un jeune comptable sans aspiration, l’autre un ingénieur, fils-de-famille vêtu comme une gravure de mode. Tous deux vivent un même trouble. Pour des raisons différentes, ils n’ont pu participer à la fête donnée en l’honneur de l’anniversaire du poète Washington. Le ratage de cette soirée les obsède tout au long des deux mille mètres de la rue et les réduit à commenter le récit qu’un de leur ami, Bouton, leur en a fait. Comme don Quichotte et Sancho Pança, ils...