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En grande surface Manipuler

mai 2017 | Le Matricule des Anges n°183 | par Pierre Mondot

La politique balaie tout. On erre dans les rayons à l’affût d’une confession, d’un déballage, d’une clairière dans la campagne. On s’étancherait avec peu : une veuve révélant quel époux exécrable dissimulait cet artiste adulé. Un hardeur refroqué détaillant sa rencontre avec Dieu. Un haltérophile dopé découvrant sa passion du tricot. Rien. On pioche, donc.
Mélenchon ? La Vertu qu’il nous offre possède l’avantage d’être courte mais d’avance, la dissertation nous assomme. Faisons-en fi et passons. On commentera promis les aveux de sa veuve.
Gaël Tchakaloff publia l’hiver dernier un « récit-enquête » consacré à Juppé. Elle venait de passer « dix-huit mois » en sa compagnie. Cet acte de bravoure fut mal récompensé : le maire de Bordeaux échoua à la primaire et précipita l’ouvrage dans sa chute. La jeune femme ne se décourage pas et choisit de renouveler l’expérience. Échaudée, elle décide toutefois de ne plus s’engager sur un unique cheval mais d’enfourcher l’écurie entière. Dans Divine comédie, elle frotte son narcissisme à celui des principaux prétendants à la présidentielle.
Le livre se présente comme une succession de selfies : ici je suis avec Jean-Luc (qu’est-ce qu’il parle bien), ça, c’est avec Marine (tellement simple) et là tiens, regarde, on me voit avec Emmanuel (tu verrais ses yeux) : « Je me pelotonne tout contre lui (…). Nos têtes se touchent quasiment ». La tactique de la journaliste, c’est le contact. Le hug. Le poutou. Pareille au Saint-Thomas du Caravage, Tchakaloff doit toucher pour comprendre : « Je m’accroche à la main de Jean-Pierre Raffarin… avant de me lover dans les bras de Dominique Perben… » L’auteure s’imagine innover quand sa méthode diffère peu de celles de ses confrères : « Pour passer le temps, je dessine des cœurs sur la main d’Hervé Morin. » Elkabbach ou Pujadas en firent autant. Soit la chronique politique enfin délestée des simagrées de l’impertinence. On loue Hamon d’avoir été le seul à poliment éconduire la groupie quand les autres lui ouvraient les bras.
« Les politiques comme vous ne les avez jamais vus » promet le bandeau qui ceint la couverture. On n’apprend pourtant pas grand-chose. On retiendra que Marine Le Pen regrette le snobisme de certains électeurs de droite qui lui refusent encore sa voix au prétexte que « c’est un vote populaire, un vote de perdants dans la course ». Loin de toute idéologie, et malgré l’isoloir, glisser un bulletin FN dans l’enveloppe, reste pour beaucoup d’entre eux aussi indigne qu’enfiler un survêtement pour aller faire ses courses.
Plus loin, on comprend rétrospectivement la profondeur du gouffre ouvert sous les pas du chef des Insoumis au soir du premier tour : « Je suis dévoré jusqu’au fond par l’engagement. J’ai toujours fait ça. C’est le sens de mon passage sur terre. (…) Qu’est-ce qu’il y a d’autre dans la vie ? La chasse, la pêche, les bières et le match de foot à la télé ? La politique comble ma vie de toutes les manières possibles ».
À l’opposé de la loupe de Tchakaloff, on trouve Bienvenue Place Beauveau dans lequel un trio de journalistes examine à la jumelle les gesticulations de nos gouvernants. Un changement de focale qui nous conduit du tous aimables au tous pourris. Au choix prévaricateurs ou népotes. On y déplore la disparition des frontières : celles qui séparent le royaume des flics de celui des voyous, celles qui isolent la cour de récréation de l’ENA des allées du pouvoir. La presse ne retint de l’ouvrage que l’hypothèse du cabinet noir ou les pétards du fils Pécresse. On y trouve pourtant des conjectures plus compromettantes, comme cette possible sex-tape du chef de l’État, enregistrée par des caméras de surveillance : « Sur le mur vidéo apparaît alors en grand format le cortège présidentiel à l’arrêt, et soudain, sortant d’un buisson, François Hollande et… une jeune femme, que le Président va ensuite prendre en photo avec son iPhone. » Mais toujours ces pudeurs de gazelle.
De l’avis de tous, les résultats du premier tour ont semé une franche pagaille.
L’électeur déboussolé lira donc avec profit La Magie du rangement, de Marie Kondo (deux millions et demi d’exemplaires vendus). « La vie commence après avoir fait du tri », proclame l’auteure. Le secret d’une mise en ordre pérenne ? Éliminer, jeter sans états d’âme. Faudra-t-il se débarrasser du moulin à café de bonne-maman, et balancer aussi sa montre à gousset ? objecteront les plus sensibles. Foutaises, assure la jeune femme, car avec pareils atermoiements, « votre passé risque de devenir très vite un frein vous empêchant de vivre l’instant présent ».
Hollande, Juppé, Sarkozy, Fillon. Il manque encore un nom à la liste. Une seconde collecte des encombrants est prévue le 8 mai. Encore un effort.

Manipuler Par Pierre Mondot
Le Matricule des Anges n°183 , mai 2017.
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