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Jeunesse Même pas peur !

mai 2008 | Le Matricule des Anges n°93 | par Malika Person

À travers l’angoisse qu’éprouve un enfant la veille de la rentrée scolaire, Stian Hole explore les peurs à chaque âge de la vie. Un album stupéfiant.

L’Été de Garmann relate la dernière journée de vacances en famille d’un petit garçon de 6 ans. Du haut d’un prunier, Garmann observe la nature, l’été qui tire à sa fin, et plus particulièrement ses trois vieilles tantes venues lui rendre visite. « Avec leur hernie, leur arthrose et leur gâteau meringué », elles « débarquent d’un autre temps ».
Face aux fins annoncées d’une saison ou d’une vie, Garmann ressent au fond de lui quelque chose qui le remue. À l’une de ses tantes qui lui demande ce que cela lui fait de rentrer au CP, s’il a des « papillons dans le ventre », l’enfant confie qu’il a peur.
Stian Hole fait de cette angoisse le fil rouge de son histoire puisqu’elle interroge chacun des personnages sur ses propres angoisses existentielles à savoir, la perte, la séparation et l’inconnu en recourant fréquemment à la forme du dialogue.
Le motif de la perte est symbolisé par celle des dents de lait de deux amies de Garmann et par les dentiers de ses tantes : « Tante Ruth et tante Augusta ont mis chacune leurs dents dans un verre d’eau. Tante Iseline, elle, s’est contentée de défaire légèrement son dentier. À chaque respiration, les dents bougent en arrière puis en avant. »
Lorsqu’il interroge son père musicien, souvent parti (le lecteur ne le verra qu’une fois, de dos) ce dernier lui avoue sa peur de leur séparation et son trac avant chaque concert. La mère est la dernière questionnée par son enfant. Elle apparaît, à la hauteur de la passion de Garmann pour elle (prédominance du rouge, couleur de l’amour) sous les traits d’une star de cinéma (Grace Kelly), une beauté quasi parfaite, presque iconique que tous les hommes célèbrent (même Elvis Presley). L’auteur norvégien joue sur l’image d’une mère protectrice, à l’abri des aléas de la vie, telle que son enfant pourrait vraisemblablement se la représenter. Puis donne à son personnage une dimension plus humaine, quand Garmann lui fait avouer une frayeur personnelle : celle du dentiste ! La mère reprend alors son apparence de jolie brune, un peu rêveuse.
Bien entendu, l’album explore d’autres peurs plus proches des préoccupations de l’enfant d’une manière détournée. Garmann s’interroge notamment sur les métamorphoses du corps lorsqu’il observe ses tantes. Au moment de la sieste des trois vieilles femmes, il constate que « Tante Iseline a de nombreuses rides et de longs poils blancs au menton. (…) La peau lui fait l’effet d’une feuille de papier très fin. » Lorsqu’elle se réveille, il lui demande : « Tu as été un enfant un jour ? » Par cette question, Garmann traduit sa crainte de grandir, de vieillir puis de mourir.
Il est en même temps curieux de connaître le sentiment de ses vieilles tantes face à leur mort prochaine. « Tu vas bientôt mourir ? » demande-t-il. Sa tante lui fait une réponse admirable. Elle lui raconte son prochain beau voyage à bord du grand chariot : « je me mettrai du rouge à lèvres et j’enfilerai ma plus belle robe. (…) Tu as peur ? », reprend frontalement Garmann. La réponse est positive mais nuancée par l’idée de découvrir probablement un autre « jardin ».
La fascination-répulsion de l’enfant à l’égard des peurs, est relayée par des illustrations qui génèrent une atmosphère à la fois étrange et exaltante. Stian Hole a choisi de mêler des techniques multiples (découpage/collages, photos montages, dessins sur ordinateur…) pour la réalisation de ses images très colorées pleine page, couchées sur papier mat.
Comme pour symboliser la fragilité de la vie, du lien, il pratique des collages de guingois. Ses personnages ont des corps parfois disproportionnés. Garmann lui-même n’y échappe pas. Les cheveux coupés très courts, d’une blondeur albinos, le regard intense, son petit corps filiforme la plupart du temps torse nu est revêtu d’un short kaki qui laisse voir ses maigres jambes. Un corps imparfait qui révèle moins une vulnérabilité qu’un être en devenir. Garmann est un enfant plutôt curieux qui interroge et reçoit des réponses qui vont l’aider à affronter ses propres peurs.

L’Été
de Garmann

Stian Hole
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud
Albin Michel
jeunesse
48 pages, 12,50

Même pas peur ! Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°93 , mai 2008.
LMDA papier n°93
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