Un fait divers à la une d’un grand journal interpelle le lecteur dès la page de garde. Paris, fin du XIXe siècle. La tour Eiffel vient d’être achevée. Un double crime a été commis. Un Indien d’Amérique venu travailler à la construction du monument en est accusé. Succèdent deux autres versions des faits : un rapport de police dactylographié et le récit d’un mystérieux narrateur (l’auteur ?). Des récits successifs qui proposent plusieurs lectures d’une même histoire passionnelle et qui révèlent la violence qui règne dans cette période de mutation historique. Une violence sourde puis explosive. Un « choc des civilisations » avec d’un côté un Indien qui, dans une fuite éperdue quitte ses vêtements occidentaux, se peint le visage du sang de la femme qu’il aime, blessée à mort et s’arme d’un arc et de flèches pour se défendre de ses poursuivants, en se dirigeant vers son point de fuite, une structure architecturale verticale et emblématique du monde moderne : la tour Eiffel. C’est là qu’il choisit de mourir. Ce récit tragique doit en partie son unité aux illustrations qui jouent un rôle capital dans la narration, sur lesquelles est basée l’atmosphère pesante, inquiétante de l’histoire. Les peintures de François Roca occupent des pleines pages de cet album grand format et représentent des personnages gigantesques, menaçants. Des clairs-obscurs évoquent la Tour et les couleurs à dominantes brunes, opaques, contribuent à renforcer la puissance dramatique de cet album pour les plus grands.
L’Indien de la tour Eiffel
de Fred Bernard et François Roca
Seuil, non paginé, 16,50 €
Jeunesse Point de fuite
novembre 2004 | Le Matricule des Anges n°58
| par
Malika Person
Un livre
Point de fuite
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°58
, novembre 2004.