Rien de vraiment original, en apparence, dans ce roman américain daté de 1940 que l’on doit à l’auteur des Humanoïdes et de plus de cinquante romans de science-fiction. Né en 1908 et publiant depuis les années 1930, Jack Williamson fait partie des pionniers du genre. Plus noir que vous ne pensez appartient, quant à lui, au domaine du merveilleux. Ce texte aborde en effet le thème archiclassique de la métamorphose et tient une place à part dans l’œuvre de l’écrivain.
La traduction aurait sans doute mérité une révision (« Les yeux de la fille à la fourrure blanche étaient d’une pénétration qui vous mettait mal à l’aise ») mais le roman développe un rythme très soutenu et ses défauts passent vite à l’arrière-plan ; certaines phrases assignent même le lecteur à goûter une ambiance très sombre qui va à ce roman comme un gant : « La lourde figure pâle du docteur Mondrick, sous le casque colonial, pendait. » Disons qu’il suffit de se laisser porter par le déroulement du récit. Scientifiques détenant un secret ramené de terres lointaines, transformations, malédictions, meurtres ; rien que de très commun ici. Oui mais Jack Williamson possède un beau talent d’élaborateur de suspens. Structure serrée, sans aucun temps mort, changements de direction constants ; c’est le frisson et l’avidité du lecteur qui sont encouragés ici. Alors il serait malhonnête de bouder son plaisir devant une telle efficacité romanesque. La lycanthropie n’aura bientôt plus aucun secret pour vous.
Plus noir que vous ne pensez de Jack Williamson
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Michel Chrestien, Joëlle Losfeld, 336 pages, 10 €
Poches Lycanthropes et Cie
mai 2004 | Le Matricule des Anges n°53
| par
Benoît Broyart
Un livre
Lycanthropes et Cie
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°53
, mai 2004.