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> marc chodolenko
Je ne sais pas si c’est paradoxal mais j’ignore, je n’ai jamais su ce qu’était la poésie. J’ai publié des textes qui pouvaient se ranger sous cette catégorie mais qui étaient avant tout chaque fois une tentative de définition de la poésie, l’aveu de mon ignorance quant à la « nature réelle » ou « fondamentale » ou « essentielle » de la poésie. Chaque texte étant une sorte de cheminement vers le corps, ou le lieu, ou l’impossibilité de la poésie, peut-être, et tout aussi bien le cheminement inverse, tâchant de s’éloigner de la poésie. Bref, la « poésie » c’est le terme que « les autres » appliquent à ce que « je » écrit. « Je » à compter qu’il soit quelque peu authentique à mon sens, n’écrit jamais rien que de l’écrire. Voilà pourquoi, depuis 1996 je n’écris plus de « poésie ». J’écris délibérément, et quasi sciemment, de l’écrire. Qu’est-ce que c’est que ça ? Sans doute pour dire peut-être un mouvement tendant à s’approcher et s’éloigner d’« écrire ». Une façon de se cogner la tête à l’impossibilité de ne rien écrire, d’écrire rien, tout en traçant des signes sur une page, de retrouver un écrire fondamental qui précéderait le parler, qui en serait l’origine, comme si c’était une capacité de lire innée dans l’homme qui lui avait fait inventer, pour y répondre, l’écriture ; comme s’il n’y avait jamais eu qu’un seul dieu, le dieu d’écrire. Une tentative de définition de mon désir d’écrire qui serait en même temps une tentative d’épuisement de mon besoin d’écrire. Comme s’il y avait un désir nu d’écrire, et un besoin d’écrire qu’on pourrait isoler de tous les autres besoins. Mais désir et besoin n’étant pas la même chose il est à parier que le jeu va durer encore un certain temps.
Dernier livre paru : Imitation (P.O.L)
> pascal boulanger
La poésie que je tente d’écrire est avant tout un désapprentissage qui accueille et s’ouvre au hasard, à l’artifice, à la circonstance. Un fond de nuit et d’épiphanies, à l’image des pensées et des actes qui surgissent dans ma propre vie, aussi distincts que possible les uns des autres. La parole qui doit parler est le souffle même de la raison, un écho d’assonances et de couleurs, une intrigue de l’infini qui danse sur la page et déploie un trésor de sensations et de visions. Il faut que chaque pli de la phrase ou du vers inonde l’horizon et occupe un espace où le divin de l’homme se loge au cœur des choses, au cœur de l’enfance des choses retrouvées à volonté. L’écriture est comme suspendue à ce hors-monde au sein du monde. Dans ces conditions, l’œuvre me paraît moins la combinaison d’une forme que l’invention d’un sujet lié au monde, lié à l’assaut continuel des couleurs et des sonorités du monde. Il faut montrer ce quelque chose qui fond sur le cœur, le comble, se retire, en passer par la main qui écrit pour former un décor, se percevoir autre, comme sollicité et pensé par les événements mêmes.
Dernier livre paru : L’Émotion l’émeute...