La rédaction Didier Garcia
Articles
Un livre
Planète sans visa
de
Jean Malaquais
Malaquais, bien nulle part
Fresque sociale et historique, Planète sans visa (1947) évoque la cité phocéenne durant les premières années de l’Occupation.
Il existe au moins deux manières différentes de lire ce livre. La première est la plus simple : elle consiste à se jeter dans ce roman sans intrigue et sans protagoniste, qui juxtapose (comme l’a fait l’Espagnol Camilo-José Cela dans La Ruche avec le Madrid de 1942) des séquences narratives de longueur variable, n’ayant souvent rien à voir les unes avec les autres, et qui concernent à chaque fois un nombre limité de personnages (sur la grosse cinquantaine que contient l’ensemble). La seconde a le mérite d’être moins superficielle, et partant plus proche de la réalité historique : le...
Un livre
Les Naufragés du Batavia (suivi de) Prosper
de
Simon Leys
Loin des côtes
Fin connaisseur de la mer, l’écrivain belge Simon Leys (1935-2014) nous propose deux visages contrastés de la navigation.
Sinologue reconnu (dénonciation de la révolution culturelle chinoise, son pamphlet Les Habits neufs du président Mao, paru en 1971, a fait couler beaucoup d’encre), Simon Leys a également consacré une bonne part de son travail à la mer, qu’il a fréquentée de près à plusieurs reprises (on lui doit notamment les deux volumes de La Mer dans la littérature française publiés chez Plon en 2003, et...
Huis clos en pleine mer
Avec La Nef des fous, l’Américaine Katherine Anne Porter nous emmène du Mexique vers l’Europe, où la Seconde Guerre mondiale se prépare.
En 1931, au moment où le paquebot allemand la Vera quitte le port de Veracruz (Mexique) pour rejoindre celui de Bremerhaven (Allemagne), au terme d’une traversée qui durera 27 jours (avec les escales tardives de Santa Cruz de Tenerife, Vigo, Gijón, Boulogne, et Southampton, concentrées dans les deux cents dernières pages du roman), les passagers ignorent que l’Histoire leur prépare une...
Dieu, les loups et la salamandre
Roman de formation, L’Homme qui savait la langue des serpents de l’Estonien Andrus Kivirähk sonne aussi le glas d’un monde.
D’un côté : une forêt, avec ses légendes, sa salamandre géante endormie pour l’éternité, des êtres humains parlant la langue des serpents (qui leur permet de calmer les loups comme de forcer « un élan ou un chevreuil à s’approcher et à se laisser égorger »), des anthropopithèques vivant nus à la cime des arbres, se nourrissant de viande quasiment crue et utilisant des outils façonnés dans la...
La fin d’une époque
Pina Rota Fo (1907-1990) évoque sa vie dans une Italie en pleine mutation, entre respect des traditions et désir de s’en affranchir.
Contrairement à ce que l’on pourrait naïvement penser, le pays des grenouilles annoncé par le titre n’est pas un territoire imaginaire servant de toile de fond dans un conte pour enfants, mais un cadre géographique bien réel, qui correspond à la Lomelline, une excroissance lombarde à l’intérieur du Piémont, bordée au sud par le Pô, à l’est par le Tessin, et à l’ouest par la Sesia. Pour...