RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Rabelais et sa lampe magique
Les « inexpuisibles parlures » d’un écrivain hors du commun reparaissent, groupées. Le père de Pantagruel serait-il le plus grand des écrivains français ?
Pilier « inexpuisible » de la littérature française, François Rabelais surprend chaque fois que l’on se penche sur son œuvre. Probablement le plus grand et le plus varié des auteurs dont l’Hexagone puisse se targuer, il a trouvé avec le petit groupe de chercheurs assemblés autour de Romain Menini, jeune et efficace meneur d’exégètes qui partage tout à la fois l’enthousiasme du fan et la précision du savant, des rénovateurs de l’œuvre : il fallait dépoussiérer les façades, remettre à jour quelques pièces abandonnées ou de goût moyen (des textes désormais retranchés du canon de...
Démoniaque Ohio
Deuxième roman de Tiffany McDaniel, L’Été où tout a fondu ramène le lecteur à Breathed et invite le diable à une dramatique villégiature.
Avec Sal, sa peau sombre, ses yeux verts, la chaleur envahit les rues de Breathed, s’infiltre, dévore au plus profond les cœurs et les âmes. L’Été où tout a fondu est un roman sans espoir, au lyrisme dramatique, laissant jaillir des fulgurances lumineuses quand tout fond au noir. Famille, communauté, intolérance, racisme, religiosité : tout s’y mêle, tout s’y brouille, tandis qu’avec la...
Les fantômes de Mia Couto
Retournant sur les chemins de son enfance, l’écrivain mozambicain raconte en écho les luttes de l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise.
Mia Couto est né en 1955 au Mozambique, au sud-est de l’Afrique, sur les côtes de l’océan Indien : il a 20 ans quand le pays proclame son indépendance, en 1975, mettant fin à l’oppression coloniale. La présence portugaise, ancienne – les premiers comptoirs ont été établis dès le milieu du XVe siècle – ne s’efface pas complètement, toutefois. La langue portugaise, langue officielle du...
Au Derby des Psaumes
En un tour de piste effréné dans Paris, François Esperet gyrovague au côté des outsiders et des non-partants de la course. Le souffle et l’alacrité.
On avait découvert François Esperet en 2013 avec Larrons (Le Temps des cerises), une épopée qui chantait les voyous, les putains : « Dans Paris prostitué souvent le soir je les vois/ les princes dérisoires de la nuit les beaux étalons/ castrés qui raclent le sol de leurs sabots précieux/ avant de s’élancer trotteurs hystériques efféminés ». Le jeune capitaine de la gendarmerie nationale...
Claro, un écrivain
Entre poésie, réflexion et récit, le nouveau livre de Claro regarde la mort en face et interroge la littérature sur sa capacité à nous aider à faire le deuil de nous-mêmes.
C’est d’abord un étrange livre par l’usage de la ponctuation et de la typographie qui s’y applique. Des textes courts y font comme les dalles du chemin que le lecteur suit. Partant de 1497 à Florence où Savonarole s’apprête à allumer son grand bûcher des vanités, pour arriver à un ultime tombeau d’où coule une « larme creusant sans fin le lit de la terre sans fin creusant le temps ». Aux...