La rédaction Thierry Guichard
Articles
Un auteur
Une attention tous azimuts
L’écriture de Laird Hunt a beau emprunter des chemins très différents d’un livre à l’autre, elle répond toujours à une exigence de l’écoute. Celle des vivants et des morts, des fantômes que la fiction convoque pour dire l’Histoire. Jusqu’à rendre palpable chaque monde qu’elle aborde.
Laird Hunt, Zorrie, votre nouveau roman qui paraît ce mois-ci en France met à nouveau à l’honneur une figure féminine. Qu’est-ce qui vous pousse à écrire autant sur des personnages féminins ?
Ma première histoire publiée, écrite à l’automne 1990 alors que j’enseignais l’anglais au Japon, décrit une femme qui, dans l’Indiana rural, prépare le dîner pour une famille qui n’existe plus : elle prépare le dîner pour le passé. Ayant été élevé par ma grand-mère paternelle dans une ferme de l’Indiana, où j’ai passé les années déterminantes de mon enfance, il me semble parfaitement logique que mon...
Des livres
Le Magasin des choses probables
de
Gilles Moraton
La Promiscuité des vaches est mauvaise pour la santé des jeunes filles
de
Gilles Moraton
L’ami intérieur
Avec ses deux premiers romans, Gilles Moraton prouve qu’on peut entrer en littérature sans abandonner l’ambition d’innover. Et en restant prolixe.
Deux romans en six mois, un troisième annoncé pour octobre, Gilles Moraton, bibliothècaire à Béziers, trouve le temps de noircir quelques pages. Le talent et la maîtrise dont il fait preuve indiquent qu’il a trouvé également celui de se coltiner, comme lecteur, avec la littérature contemporaine. Des deux romans (appelons ainsi les deux textes déjà parus), le premier, Le Magasin des choses...
Les manières de Thérèse
Pour obtenir d’un partenaire qu’il se prête au jeu amoureux, il faut le séduire, le surprendre parfois. Avec Les Adolescences de Thérèse, José Pierre prend à rebrousse-poils cette règle et commence d’abord par énerver consi-dérablement le lecteur. Ne reculant nullement devant les vieilles recettes éculées, notre auteur pose sa belle Thérèse devant un miroir où elle observe et caresse sa...
Les Martagons
Avec son nouveau roman, Dominique Noguez aurait pu dresser, comme le fit autrefois Bernard Frank avec Les Rats, le portrait de toute une génération. Mais Les Martagons (quatre garçons et une fille) s’apparente plutôt à un volume du Club des cinq en bibliothèque rose. Zélateur de la langue française, allergique à la modernité consumériste, l’auteur assène son lot de banalités où ne brille ni...
Le triomphe de l’amour
Ecrit avec un couteau à couper le souffle, le premier roman de Jérôme d’Astier réussit l’évocation de l’indicible. De la mort à l’amour.
Il faudrait chercher longtemps, et avec une certaine mauvaise foi, pour trouver un défaut au premier roman de Jérôme d’Astier, Les Jours perdus. On pourrait avancer les phrases qui ouvrent le livre, accolées les unes aux autres, comme posées précautionneusement au bord de la page. Des phrases propres, rangées. De la belle ouvrage pour dire un drame : la longue agonie d’une mère. Ces phrases,...
Médiatocs – chronique
Pare-chocs du moi
Écrite précipitamment dans l’absence de style, l’autobiographie de l’ancienne directrice du Monde des livres atteint à des abysses de pensée. Du moment que ça la soulage….
Elle était la directrice du Monde des livres jusqu’au jour (« un matin de janvier 2005 ») où on lui annonce qu’elle est démise de cette fonction pour redevenir une simple journaliste. Josyane Savigneau vit d’autant plus mal sa mise au placard (qui la vivrait bien ?) que celle-ci la renvoie à un complexe d’imposture qui l’habite depuis toujours et qu’elle va tenter de résoudre en écrivant ce Point de côté. On espérait une réflexion sur le métier de journaliste, une description des rouages de la critique parisienne ou au moins une véritable plongée dans les mécanismes intimes, inconscients...
Un âne, des mots
Claire Castillon a probablement un vrai talent d’écrivain. Mais ses lecteurs ont assurément beaucoup de patience. Son nouvel opus, indigeste en diable, impose une lecture éprouvante.
Cette rubrique, consacrée aux très médiatiques romanciers allait tranquillement vers la proclamation d’un axiome incontestable. Quelque chose comme : un best-seller se fabrique. Dès sa conception jusqu’à son écriture, un best-seller imite plutôt la pente douce (qu’on dévale sans y prendre garde) que la montée abrupte qui nécessite effort et courage. Les ingrédients du best-seller se trouvent...
“ Les mecs, on la perd ! “
Quels ingrédients faut-il pour faire un best-seller ? Une louche de clichés alignés par un style de collégien attardé et assez de cynisme pour prendre ses lecteurs pour des gogos.
Prenez une pincée de Paulo Coelho, le romancier philosophe pour ménopausés du cerveau, dont vous extrairez des préceptes profonds du genre : « accepte le destin qui est le tien et donne aux autres le meilleur de ton temps ». Cette morale à deux sous qu’adorent tous les apôtres de la domination (que les miséreux acceptent leur misère et ne viennent pas nous emmerder) nous est assénée par...
Courrier du lecteur – chronique
La preuve par huit
Publié il y a treize ans aux États-Unis, « Surfiction » est un essai réjouissant. Clair et incitatif, il donne les bases d’une réflexion en mouvement.
Constitué de huit textes vifs, Surfiction traverse une bonne partie de la littérature de création (« le roman expérimental ») des années 60 à aujourd’hui plus particulièrement aux U.S.A. Raymond Federman sait de quoi il parle, puisqu’il fut un des premiers de sa génération avec Quitte ou double (1971) à révolutionner le roman (dans la lignée de Cervantès, Sterne ou Joyce). Le bonhomme n’hésite d’ailleurs pas à se citer lui-même…
Le texte inaugural est un « manifeste postmoderne » : écrit en 1973, ce texte programmatique n’a pas pris une ride, si ce n’est, peut-être, dans l’utopique part...