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Domaine étranger Bibliothèque, mon amour

mai 2022 | Le Matricule des Anges n°233 | par Martine Laval

Enjoué et malicieux, l’écrivain gallois Richard Gwyn signe avec ses Invités un hymne à l’imaginaire, à la littérature. Quand l’étrange rencontre la vraie vie.

Il se dit indolent et sans attaches, indifférent au monde. Il revendique sa solitude, la protège jalousement, se montre grincheux si un grain de sable vient chambouler l’ordre des jours, ou plutôt de ses nuits. Car notre narrateur, quadra, ex-globe-trotter, ex-écrivaillon pour guide de voyage ou revues littéraires, est insomniaque. Un insomniaque de la plus belle espèce, de ceux qui en état de veille permanent, oscillent sans cesse entre rêve et réalité, jusqu’à oublier de vivre, ou de se contenter de l’existence des autres, comme ceux à portée de main, dans les volumes d’une bibliothèque… Un cocon cette bibliothèque, un refuge, mieux, le centre de l’univers, la connaissance à l’infini, le bouillonnement intellectuel, le pouvoir de l’esprit. Soupir de satisfaction.
Celui qui nous raconte son histoire, ou peut-être des histoires, a posé ses valises dans la demeure cossue de sa défunte tante Megan, au cœur d’un paysage qui semble épargné par la modernité, les Black Mountains au pays de Galles. Le reclus volontaire s’installe donc dans cette bibliothèque de rêve où se côtoient de mystérieux livres d’alchimistes, des manuscrits en diverses langues, anglais, latin, français, espagnol, allemand, arabe… Notre oisif se donne une mission, tout lire, du moins dans les langues qu’il connaît, « avant de décider quoi faire ensuite. De ma vie j’entends ». Sa retraite va bientôt être compromise par l’arrivée inopinée de personnes (ou personnages) tout droit sortis d’une tente de camping d’un bleu inouï posée comme par enchantement tout près de sa demeure. L’étrange – cette chose infime entre le fabuleux et le commun – débarque alors lui aussi dans ce roman aussi guilleret que brillant. Arrivent ainsi dans la bibliothèque et le roman : une Alice délurée (clin d’œil à un autre Pays des merveilles), un routard bougon, un chien sympa, une Gabrielle terriblement sexy, un/e enfant au genre indéterminé… Notre narrateur (toujours aussi indolent) n’ose s’opposer à tout ce petit monde venu d’ailleurs – mais d’où ? Une « coloc » prend tournure… Le Gallois Richard Gwyn, auteur de ces Invités, joue à plaisir sur tous les registres littéraires, du récit intime à l’imaginaire le plus déluré. Hymne à la joie de lire, son roman explore les mystères de la création (littéraire), flirte avec le suspense, invente le « temps immobile », scrute le passé, cultive des mystères, et poursuit d’un même élan des chimères diablement excitantes. Richard Gwyn, suivi de près par sa traductrice Céline Leroy, a le don du partage et revendique les délices de la narration. À ranger non loin de L’Ami Butler de Jérôme Lafargue ou de Kafka sur le rivage d’Haruki Murakami, Les Invités convient les lecteurs que nous sommes, petits ou grands, à un festin dont on sort non pas rassasiés mais encore plus avides. Avant de disparaître, tante Megan a laissé un billet à l’attention de son neveu (l’indolent) : « Un livre en ouvre un autre. Lire beaucoup de livres, les comparer entre eux et faire surgir le sens. Lire un livre seul ne permet pas de le comprendre, rend impossible son déchiffrement. » Tous unis, livres et humains, à la vie, à la mort !

Martine Laval

Les Invités
Richard Gwyn
Traduit de l’anglais (pays de Galles) par Céline Leroy
Joëlle Losfeld, 200 pages, 20

Bibliothèque, mon amour Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°233 , mai 2022.
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