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Domaine étranger Delirium boum boum

avril 2022 | Le Matricule des Anges n°232 | par Anthony Dufraisse

Déboussolant, La Vie avec Marianne de l’Allemand Xaver Bayer est un roman plein de pétards, de tiroirs et de trous noirs.

La Vie avec Marianne

Page 114 : « Je ne suis absolument pas cinglé, si c’est ce que tu veux dire. » Précision que croit nécessaire d’apporter le narrateur à Marianne, alors qu’il lui raconte au téléphone son quotidien des derniers jours, sous la surveillance permanente, jusque dans son appartement, de drôles de drones… Aux manettes de La Vie avec Marianne, Xaver Bayer n’est pas cinglé non plus, il a juste une imagination délirante ! L’écrivain Éric Faye, qui a traduit et introduit ce livre, ne tarit pas d’éloges sur son auteur, un Autrichien d’une quarantaine d’années qui gagne à être connu chez nous. Qu’il trouve sa place dans la collection « Littérature » des éditions du Faubourg ne nous surprend pas vraiment. Pour avoir précédemment suivi les subtiles dingueries d’Emmanuelle Heidsieck (Trop beau) ou le cargo-movie de Magali Desclozeaux (Une loge en mer), on le trouve parfaitement raccord avec l’esprit des lieux. Xaver Bayer a visiblement de sérieuses prédispositions pour le décapage de la réalité et le dérapage émotionnel. Son roman est franchement déboussolant ; d’ailleurs ça n’en est pas vraiment un, mais plutôt un échos-système où reviennent en boucle ces deux mêmes personnages que sont le narrateur et la très joueuse Marianne du titre. Pour tout dire, on pourrait même lire les chapitres dans le désordre, ils sont autonomes.
Ce vrai-faux roman, donc, orchestre une succession de distorsions. Dans de simples cave, ascenseur ou salle de bains, dans un château ou une alcôve de club échangiste tout aussi bien, nous voilà confrontés à l’absurde, ici de pure bouffonnerie, là de presque terreur. Sur un ton souvent impassible, l’écrivain viennois dépasse la mesure, déborde du cadre, ou plutôt le fissure et, dans la brèche apparue, place une mèche qui, à un moment, fait boum ! Flirtant avec le fantastique onirique, chaque histoire fait penser à « un rêve lucide ». On trouve cette formulation dans la vingtième section qui s’ouvre ainsi : « Parfois, je ne sais plus si j’ai rêvé de quelque chose ou si je l’ai réellement vécu. » Dans les limbes, voilà bien souvent la position dans laquelle le lecteur se retrouve lui aussi en découvrant des situations minées. Comme ce copieux repas qui vire, comme si de rien n’était, en séance de tir par la fenêtre du salon, les gourmets s’improvisant snipers avant d’être eux-mêmes, et pas qu’un peu, pris pour cibles. Citons aussi la scène du narrateur coincé dans un ascenseur qui n’en finit pas de monter, de monter, de monter ; et nous de craindre le pire pour lui…
Bien malin celui qui saura résister à l’inquiétante étrangeté de cet univers-là qu’Éric Faye rapproche de Calvino, Kafka ou Gogol. Nous, c’est plutôt au cinéma que l’on a pensé en lisant ce bouquin tout plein de pétards, de tiroirs et de trous noirs. Plus exactement, on s’est imaginé ce qu’un Jean-Pierre Jeunet et son esthétique saturée pourraient faire de ce scénario extravagant dans lequel le tandem Albert Dupontel-Virginie Efira (ou Julie Depardieu ?) ferait merveille.

Anthony Dufraisse

La Vie avec Marianne
Xaver Bayer
Traduit de l’allemand par Éric Faye
éditions du Faubourg, 180 pages, 17,50

Delirium boum boum Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°232 , avril 2022.
LMDA papier n°232
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LMDA PDF n°232
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