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Domaine français Coup de chaud

octobre 2015 | Le Matricule des Anges n°167 | par Richard Blin

Derrière un roman à la veine picaresque et au parfum d’utopie, c’est une ode à la vie et à la fraternité que nous donne Yves Bichet.

Ils sont cinq – une infirmière, un agent d’entretien, deux retraités, une simplette – que rien n’aurait dû rassembler. Mais voilà, la vie étant ce qu’elle est, les uns doivent la gagner tandis que d’autres la finissent dans une maison de retraite. Comme celle qui domine Vals-les-Bains, son casino et son passé de ville d’eau. Parmi les résidents, il y a un ancien officier parachutiste que tout le monde appelle Clovis parce qu’il a cassé un vase le jour de son arrivée. Un baroudeur qui dort avec un Famas commando sous son oreiller, et pour qui il n’est pas question de finir « en bavant sur l’accoudoir d’un fauteuil roulant ». Son ami, le banquier Vignaud, y est déjà condamné à la chaise roulante, suite à un accident vasculaire. Taraudé par les mystères du sexe et de l’amour, il fantasme sur chaque corps qu’il croise. Inattendue parmi ces retraités, on trouve aussi Gigi, « La Replète », aux lolos que tout le monde tète. Elle «  se fout de tout » et ne se sépare jamais d’une petite poupée qui fait un bruit de clochette quand on la secoue. Pour les soigner, il y a Clémence, la belle infirmière, l’ange gardien qui, à ses risques et périls, leur ouvre chaque week-end, le portillon du bas afin qu’ils puissent se rendre au casino. Le cinquième larron est un grand Noir de 22 ans, Douss Blida, qui vient d’être embauché en intérim comme agent d’entretien et qui, lui, ne se sépare jamais des deux ventouses en caoutchouc qu’il utilise pour grimper à la verticale, « escalader le ciel ».
Alors que débute un épisode caniculaire, ces cinq-là vont vivre une drôle d’aventure. Tout commence par le licenciement de Clémence dont le petit manège vient d’être découvert. Comme il est impensable de la laisser ainsi se faire ainsi humilier, les réactions vont s’enchaîner, et tout ce petit monde va se retrouver en cavale. Chacun a ses raisons : les retraités veulent vivre encore, mourir vivants. Clémence, elle, a besoin que quelque chose de neuf commence, obligatoirement. Douss, lui, n’a rien qui le retient.
Débute alors une vadrouille des plus extravagantes, avec tentative de cambriolage, braquages, vols de voitures, maquillage de véhicule. Ils partent pour partir, se sentent en rémission « mais ne savent pas véritablement de quoi ». Jusqu’au jour où ils assistent à la mort d’une vieille dame terrassée comme tant d’autres par la chaleur. Ce qui va donner un autre tour à leur cavale. Ils vont dévaliser les supermarchés, remplir leur fourgon frigorifique volé de produits frais, de boissons, de brumisateurs, qu’ils distribuent ensuite dans les maisons de retraite qu’ils croisent et investissent. Ils réhydratent, soulagent, rafraîchissent, redonnent le goût de vivre. « Stimuler et rafraîchir les vieux ou les impotents au hasard des rencontres pourraient devenir une sorte de mission de service public. Chaparder sans scrupule puis redistribuer de droite et de gauche en parant au plus pressé. » La police les recherche, leur prestige grandit. Eux se découvrent, s’aiment à leur façon tandis que, parallèlement, se développent dans le pays des hold-up redistributifs, des « libérations citoyennes, des appropriations ciblées ». Le « gang de Vals » devient la référence, mais ils doivent se cacher, longtemps. Et dehors le soufflé commence à retomber, les razzias des indignés s’espacent, « le pays s’installe dans une sorte de torpeur, d’immobilisme désenchanté que la contestation peine à combattre ». Alors, ils décident de repartir et, au terme de péripéties toujours très cinématographiques, de s’installer dans les caves cathédrales d’une ancienne carrière. Un lieu qui va accueillir tous « les indociles, les indignés, les impudents, les las et les naïfs » qui le veulent, sur fond de fête et d’improbable légèreté, avant un épilogue dont nous ne dirons rien.
Yves Bichet, qui excelle dans l’évocation de moments fragiles d’émotion, orchestre là un roman à l’ironie oblique et discrète consonant de manière troublante avec une certaine actualité.
Richard Blin

L’ÉTÉ CONTRAIRE D’YVES BICHET
Mercure de France, 192 pages, 17

Coup de chaud Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°167 , octobre 2015.
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