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Poésie Le Temps sensuel

juin 2010 | Le Matricule des Anges n°114 | par Richard Blin

Trois courts textes de Maria Gabriela Llansol pour découvrir une écriture troublante, comme portée par l’onde musicale d’une certaine jouissance d’être.

La Foudre sur le crayon (suivi de) Hölder de Hölderlin (et de) Cantilène

Née à Lisbonne en 1931, décédée en 2008, après un exil de vingt ans en Belgique (1965-1984), Maria Gabriela Llansol est l’une des plus passionnantes personnalités de la littérature portugaise. Auteur de vingt-six livres sans mention de genre, et traductrice - étonnante - de Baudelaire, Mallarmé, Rimbaud, Apollinaire, Pierre Louÿs…, elle est une sorte de continuatrice de Pessoa, posant comme lui la sensation comme unique terreau de l’existence et de l’art, et faisant de l’intranquillité une source d’hallucination ou d’extase.
Ni roman, ni récit, ni poème, ni journal, ni autobiographie mais tout cela à la fois, ses textes - véritables prismes de beautés fragmentées et de hantises réfractées - sont des tentatives de saisie de l’être à partir de noyaux d’intensité, de « nœuds constructifs », qu’elle appelle « figures » - ce peut être une phrase, un animal, une image, une pensée, un rêve -, ou encore « scènes fulgor », qui fonctionnent comme des sortes de points aveugles qui seraient tout à la fois origine et horizon à partir desquels sa voix développerait sa musique vivante.
Car l’écriture de Maria Gabriela Llansol relève du geste musical de la composition, avec silences, heurts et dissonances. « La figure n’est jamais inerte, mais un principe actif dont les harmoniques et la trajectoire s’épuisent si on l’empêche d’agir selon son propre principe. » Autrement dit, il s’agit d’accompagner un rythme, celui qui naît de la forme impulsive de certains mots, qu’elle sonde jusqu’en leur source libidinale, qu’elle débusque sous leur masque de signes ou d’intersignes, ou qu’elle reçoit de ces passeurs entre spirituel et matériel, que sont Giordano Bruno ou Al-Hallâj, saint Jean de la Croix ou Emily Dickinson, Copernic ou Bach. « Mon espace est une parole, ce sont des livres, des lectures, des inquiétudes, des dictionnaires. La première voix qui scintille est celle qui m’appelle. »
Une manière d’être à l’écoute, qui mobilise tous les sens, défie tous les cloisonnements, et consiste à se mettre au diapason de ces intensités qui signalent des présences échappant aux lois de l’apparence. Ecrire, pour Llansol, c’est entrer dans ce réel. « Il n’y a pas de littérature. Quand on écrit, seul importe de savoir en quel réel on entre, et s’il y a une technique adéquate pour ouvrir un chemin à d’autres. » ; c’est se porter au-devant d’une réalité énigmatique et mobile, d’un monde constitué d’une pluralité de réels qui se heurtent, se réalisent en se provoquant les uns les autres ou en en s’unissant. Toute une poétique du décentrement. Un univers où l’on peut penser dans la pensée des autres, où l’intime se projette sur le dehors, où l’intuition remplace la certitude, où l’évidence tient lieu de vérité, où le devenir-corps du texte s’enfante plus souvent dans le plaisir que dans la douleur, poursuivant ce que Maria Gabriela Llansol demandait déjà, adolescente, à la littérature. « Rentrant du lycée, ou déjà en vacances, il ne me restait de force que pour lire, immobile, en y ajoutant la jouissance interdite de mon propre corps. Sous le signe de la faute, je jouissais et lisais et, dans le remuement sans violence de cette contradiction, je fondais l’écriture. »
C’est cette œuvre qui se vit autant qu’elle se lit - « Ma plus grande responsabilité est de contribuer à ce qu’un livre soit un être » - que nous propose de découvrir la jeune maison d’édition Les Arêtes. Premier livre d’une collection qui réunira des textes « dits mineurs, textes spontanés entre les genres, entre les formes, inclassables », ce volume regroupe trois cahiers séparés, correspondant à trois textes de M. G. Llansol dont la lecture donne un réel aperçu de sa manière et de son monde, et pourra conduire à lire les autres livres disponibles en français : Les Errances du Mal (Métailié, 1991) ; Un faucon au poing (Gallimard, 1993) ; Le Jeu de la liberté de l’âme (Pagina d’Arte, 2009).

La Foudre sur le crayon (suivi de)
Hölder de Hölderlin (et) Cantilène de Maria Gabriela Llansol, traduits du portugais par Guida Marques, Les Arêtes, 50 p., 20

Le Temps sensuel Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°114 , juin 2010.
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