La rédaction Thierry Cecille
Articles
Une guerre sans fin
Du ghetto de Wilno au procès de Nuremberg, Emil Marat nous conduit sur les pas de Juifs qui se voulurent combattants, puis justiciers.
Il arrive qu’un titre, même si ou parce qu’il se veut frappant, symbolique, soit assez trompeur – et c’est ici un peu le cas. La quatrième de couverture s’en mêle et nous pensons, dès l’abord, que ce livre va relater, avant tout, un projet longtemps mystérieux. Un groupe de partisans juifs auraient eu le dessein, dès la défaite de Hitler, de venger les leurs en empoisonnant l’eau potable de plusieurs villes d’Allemagne, dont Nuremberg, puis, plus modestement, des camps où les Alliés emprisonnaient des soldats allemands. Leur groupe se nommait, en effet, Nakam, c’est-à-dire Vengeance en...
Prélude à son absence
Ne faut-il pas une bonne dose de courage, ou d’inconscience, pour oser, dans un premier roman, prendre le risque de raconter, une fois encore, les affres d’un désir homosexuel à la fois désespéré et irrépressible ? Si l’on ajoute à cela que ce texte se rapproche fort de l’autofiction – le narrateur est bibliothécaire, écrivain et vit à Lyon, comme l’auteur – et que dès l’exergue l’ombre noire...
Camus, mythes et limites
D’aucuns auraient fait de l’auteur de L’Étranger une intouchable icône pour éviter d’affronter des questions dérangeantes – Olivier Gloag s’y confronte.
Le titre peut intriguer. Olivier Gloag, universitaire enseignant en Caroline du Nord, l’explique à la toute fin de cet ouvrage concis et enlevé : « Oublier Camus tel qu’on nous le présente, c’est (…) permettre de jeter un regard plus lucide sur les faux-semblants d’une certaine gauche qui masque insidieusement son racisme et son impérialisme avec une fausse universalité, qui masque aussi la...
Veilleuse du calvaire
Dès l’abord une voix se fait entendre : la Veilleuse est celle qui refuse de se taire, conte, raconte, célèbre ou éructe, proclame ou murmure. Sur cette colline, appelée Calvaire depuis que d’aucuns y ont vu apparaître la Vierge, elle a, depuis des décennies, été témoin et actrice, présence tutélaire et combattante à la fois. « Moi, la Veilleuse du Calvaire, qui existe et n’existe pas, réelle...
Un livre
Sonderkommando. Birkenau 1944 - ssalonique 1947
de
Marcel Nadjary
Ce que l’homme a dû voir
Quatre-vingts ans après la Shoah, des voix dans la nuit s’adressent encore à nous, miraculeusement. Écoutons celle de Marcel Nadjary.
Ces mots n’auraient pas dû nous parvenir : Marcel Nadjary, membre d’un Sonderkommando d’Auschwitz, chargé de traiter les morts de la chambre à gaz, aurait dû être éliminé – et ses mots disparaître avec lui. Il faisait en effet partie de ceux que les nazis, dans leur langage à la fois implacablement technocratique et sinistrement mystérieux (relisons l’indispensable et effrayant LTI de Victor...